Academia.eduAcademia.edu
ARCHAEOLOGICAL STUDIES ON LATE ANTIQUITY AND EARLY MEDIEVAL EUROPE (400–1000 A. D.) (SERIES ASLAEME) Series Editors: Jorge López Quiroga, Artemio M. Martínez Tejera, Patrick Périn, Tivadar Vida, Enrico Zanini Proceedings 5 Entangled Identities and Otherness in Late Antique and Early Medieval Europe Edited by oo pr Historical, Archaeological and Bioarchaeological Approaches Jorge López Quiroga, Michel Kazanski and Vujadin Ivanišević y op fc BAR International Series XXXX 201X pr Published in X by BAR Publishing, Oxford oo BAR International Series XXXX Entangled Identities and Otherness in Late Antique and Early Medieval Europe X fc © The editors and contributors severally The so-called Monza diptych (Treasure of the Monza Cathedral), circa 395–400 A. D., showing Stylicho, as Magister Militum, on the right side and his wife Flavia Serena with their son Euquerio on the left side (photograph: J. López Quiroga). op The Authors’ moral rights under the UK Copyright, Designs and Patents Act are hereby expressly asserted. All rights reserved. No part of this work may be copied, reproduced, stored, sold, distributed, scanned, saved in any form of digital format or transmitted in any form digitally, without the written permission of the Publisher. y Printed in England BAR titles are available from: BAR Publishing Banbury Rd, Oxford, info@barpublishing.com + ( ) + ( ) www.barpublishing.com , LES ANTIQUITÉS GERMANIQUES À L'EST EUROPÉEN AU BAS-EMPIRE ET À L'ÉPOQUE DES GRANDES MIGRATIONS État des recherches Michel KAZANSKI - Anna MASTYKOVA _______________________________________________________________ Abstract: The archaeological material shows two types of contacts of Germans from Central Europe with Eastern Europe. The first case corresponds to the arrival and installation of larger or smaller groups of migrants. This can be indicated by the presence of “ethnographic” elements, which are not directly related to economic activity or not the sign of prestige - handcrafted ceramic, traditional female costume or "middle class" burial practices etc. In the archaeological material such indices are manifested in a visible way, their distribution is compact from a territorial and chronological point of view. Some items, including costumes, weapons or burial practices, can become prestigious and serve as objects of imitation by the people and lose their cultural significance. The second case, which occurs most often through the dissemination of isolated objects, shows, in our opinion, the influences from the Germanic world, whose distribution in Eastern Europe is explained by the economic, cultural, political and military contacts. This does not exclude the physical presence of the holders of these objects in small groups or even isolated. Key Words: Germanic Antiquities – Eastern Europe – Late Roman Empire – Great Migrations *** fc oo pr par les Goths et d’autres peuples germaniques (Gépides, Hérules .....) lors de leurs migrations du IIe-IIIe s. vers le Sud. En ce qui concerne le modèle de la migration gothique, reconstitué à partir des données archéologiques, tous sont d’accord que la migration des peuples germaniques le long de la route "Baltique-Pont" était un processus lent et progressif de l’occupation du territoire par les petits groupes des porteurs de la civilisation germanique de Wielbark, venant da la côte su de la mer Baltique et du bassin de la Vistule inférieure. R. Hachmann a démontré que contrairement à ce que l’on croit habituellement, les migrations des peuples sédentaires ne se manifestent pas par des déplacements rapides et massifs de population sur une grande distance, mais plutôt par l’avancée progressive de petits groupes qui se rejoignent les uns les autres sur de très courts trajets. L’implantation durable des populations sédentaires et agricoles était plus importante et avait plus d’impact que les expéditions militaires, racontés par les chansons des gestes et repris par Jordanès dans son histoire des Goths (Hachmann 1970)1. L’archéologie fournit des renseignements précieux sur la migration des Germains orientaux et elle permet d’un reconstituer l’itinéraire. Ainsi, on note grâce à la diffusion des sites de la civilisation de Wielbark que ses porteurs partent du bassin de la Vistule, remontent le cours du Boug Occidental puis passent entre les marécages du Pripet au Nord-Est et les contreforts des Carpates au Sud-Ouest pour aboutir dans la plaine de la steppe forestière de l’Ukraine (dans le bassin du Dniestr moyen et du Boug Méridional) (Fig. 1). De là, deux voies s’ouvrent à eux, voies qui mènent vers l’œkoumène du monde civilisé. La première, au Sud-Est, les conduit vers l’embouchure du Dniepr et du Boug Méridional et sur les bords de la mer Noire, lieu de contact avec la civilisation gréco-romaine. La seconde voie les entraîne vers les plaines fertiles de la Moldavie et, suivant le cours du Dniestr (Fig. 2), du Prout et du Seret, dans la région du Danube inférieur, à la frontière balkanique de l’Empire y op Les influences culturelles "occidentales", venant d'Europe centrale vers l’Est européen à l’époque romaine tardive et celle des Grandes Migrations sont bien attestées par le matériel archéologique. La question se pose: quelles étaient les modalités de diffusion des éléments culturels « occidentaux » à l’Est - imitation, commerce ou déplacement de personnes physiques ou de groupes de la population ? Pour l’époque romaine tardive, deux directions de la diffusion de cette influence se dessinent. La première, qui est très important surtout à l’époque romaine tardive, est l’axe fluvial qui réunit le bassin de la mer Baltique à celui de la mer Noire. La deuxième direction des influences « occidentales » à l’intérieur de l’Europe de l’Est va du Nord de la mer Noire et de l’Europe centrale vers la zone forestière de la Russie et de la Biélorussie. 1 Certains archéologues et historiens ont supposé que les groupes migrants des Goths à l'époque romaine rappelaient des bandes vikings des IXe-XIe s. (Kmieciński 1962; Kmieciński 1972; Lönnroth 1972). Mais une telle comparaison nous paraît inapplicable pour le monde germanique des premiers siècles ap. J.C. On doit se souvenir en effet que durant le Haut Moyen-Age le départ massif des Vikings disloqués en groupes qui n’obéissent qu’à leurs chefs coïncide avec la création des premiers Etats scandinaves et la désintégration de l’ancienne société tribale. En revanche, à l’époque romaine, c’est à dire en pleine protohistoire pour les Germains, ces derniers sont organisés en tribus où les liens de parenté priment, ce qui suppose un autre type de migration que celle des Vikings. Civilisation de Černjahov. Le premier axe des contacts Ouest-Est à l'époque romaine est lié à l'histoire des Goths. En effet, la route fluviale, qui passe, de la côte baltique par la Vistule et le Boug occidental pour atteindre les fleuves du bassin de la mer Noire (Dniestr, Boug méridional, Dniepr) a été utilisée 90 Les antiquités germaniques « indigènes », non germaniques, avec ceux issus de la civilisation romaine (Kazanski 1991: 29-45; Bierbrauer 1999; Magomedov 2001; Ščukin 2005: 109-134; Shchukin et alii 2006: 38-48)3. Une première vague des migrants quitte le territoire de la civilisation de Wielbark en Pologne à la fin du IIe s. ou au début du IIIe siècle, ce qui correspond aux phases B2/C1 (160/180-200) et C1a (160/180-210/230) de la chronologie du Barbaricum européen (cf. Godlowski 1970; Shchukin et alii 2006; Bierbrauer 2008: 28, 29). A cette époque apparaissent en effet, dans le cours moyen du Boug occidental, sur la marge sud de la civilisation de Wielbark, des nécropoles à incinérations, caractéristiques de cette culture, telles Brest-Trišin, Veličkoviči, Skorbiči (Kuharenko 1980: 64-69; Ščukin 2005: 104). On a également mis au jour dans cette région des objets germaniques isolés et notamment à Sušično, une lance avec une inscription runique (Ščukin 2005: 72, 73). Des traces de la civilisation de Wielbark sont attestées pratiquement à la même époque plus au Sud, en Ukraine. Ce sont des nécropoles du type Wielbark avec des incinérations à Mogiljany-Hmel’nik, Mašev, Luboml’, ou celles bi-rituelles, comme Gorodok. Cette vague des migrants correspond sans doute aux Goths. La deuxième vague, qui se déplace plus tard, vers la fin du IIIe s. (la période C2 c'est à dire 250/260-300/320) a laissé les sites en Volhynie (Dytyniči), en Podolie (Šeršni, Barsuki) ou en Moldavie roumaine (Kozia-Iaşi). Elle est probablement liée à d’autres groupes de la population germanique orientale, tels que les Gépides ou les Hérules (Kuharenko 1980: 68-76; Kazanski 1991: 28, 45; Ščukin 2005: 107, 108; Shchukin et alii 2006: 21). Il faut préciser que le matériel de la civilisation de Černjahov témoigne de la présence au Nord de la mer Noire des groupes allochtones germaniques très divers. L’apport de la culture de Wielbark nous y semble décisif. On peut attribuer à son influence l’apparition de certains types d’objets qui deviendront caractéristiques de la culture de Černjahov, notamment des fibules et des récipients en céramique non tournée. Les cultures de Wielbark et de Černjahov ont en commun le costume des femmes à deux fibules sur les épaules ainsi que dans le domaine des pratiques funéraires, des nécropoles birituelles où voisinent incinérations et inhumations avec des défunts généralement déposés la tête au Nord. Dans les deux cas, les tombes avec des armes sont extrêmement rares. Les traits issus de la culture de Wielbark sont particulièrement bien représentés en Volhynie, en Podolie, en Moldavie, dans la région du Dniepr et sur les bords de la mer Noire (Kazanski 1991: 41-45; Bierbrauer 1994: 108-112; Shchukin et alii 2006: 22, 23, 38, 39 et récemment Magomedov 2013). oo pr romain (Wołągiewicz 1986; Kazanski 1991: 28-33; Bierbrauer 1994: 98-105; Ščukin 2005: 103-108; Shchukin et alii 2006: 20, 21; Kozak 2006: 10; Kokowski 2010: 114-118; Šarov 2013). fc On doit attribuer à un autre apport germanique, celui de la culture de Przeworsk, qui occupait alors le territoire de la Pologne méridionale et centrale d'aujourd'hui (à son propos voir en particulier Andrzejowski 2010), la présence dans des sépultures d’armes parfois intentionnellement brisées ou recourbées (Fig. 4) et d’os calcinés d’oiseaux. Certains types de récipients non tournés et les pendentifs peltiformes à décor granulé ont la même provenance. L’influence de cette culture est surtout sensible en Munténie, en Podolie, dans la région du Dniestr supérieur et dans celle des rapides du Dniepr (Kazanski 1991: 41; Shchukin et alii 2006: 21; Kozak 2006: 10; Magomedov 2013: 267). op La société gothique, à en juger d’après les données archéologiques, a subi une évolution spectaculaires dans le laps du temps entre leur « départ » de la côte baltique au IIe s. et leur « arrivée» sur la frontière pontodanubienne au IIIe s. : la vague fédération ("ligue") des tribus, habituelle pour les Germains et les autres Barbares de l’époque romaine (voir à ce propos Hachmann 1971: 71-88), est remplacée par un système proto-étatique, du type du «royaume barbare »2, fortement influencé par la civilisation romaine. La civilisation de Černjahov (Černjahov -Sîntana-de-Mureş) (Fig. 3), qui se forme sur la marge nord du monde romain, dans l’espace pontodanubien, correspond à ces « nouveaux Barbares ». Elle est la synthèse des éléments barbares, plus précisément germaniques, venus de la région de la Vistule et y Une série de coutumes ou d’objets peuvent être indifféremment originaires de la culture de Wielbark ou de celle de Przeworsk. Citons le dépôt de clefs ou de serrures dans les tombes, les pots non tournés de forme ovoïde (les “kumpf”) ainsi que les petits pendentifs en or en forme de seaux à décor granulé. Enfin, parmi les influences septentrionales, mentionnons celles scandinaves qui se manifestent par la découverte de tombes sous des dalles ou dans des coffres en pierre, de fibules avec un décor surchargé dites “monstres”4 et peutêtre par l’usage de runes germaniques car celles-ci ont été retrouvées en grand nombre à l’époque romaine au Danemark et en Suède méridionale. Les traits "scandinaves" sont attestés essentiellement au sud de la Volhynie, en Podolie et en Moldavie. Un «pont» entre la région de la mer Baltique et le nord de la mer Noire 2 Un royaume « barbare » a d’habitude à sa tête un roi sacralisé. Dans un « royaume barbare », le pouvoir s’appuie, comme dans une chefferie (voir infra), sur le droit coutumier et la charisme du chef. Les lois écrites, ainsi que les structures nécessaires pour leur application (force armée, système judiciaire), sont absentes. Cependant, dans un « royaume barbare » les privilèges des clans disparaissent progressivement au profit de ceux des groupes sociaux. Notamment, l’entourage du roi, ses antrustions, souvent d’origine étrangère, qui n’appartiennent pas au système des clans, occupe une place de plus en plus importante pour, finalement, remplacer l’ancienne aristocratie tribale. D’autre part le roi devient plutôt le seigneur de guerre que le chef charismatique, car les fonctions militaires de ces royaumes deviennent des plus en plus importantes. 3 Certains archéologues ukrainiens ne considèrent pas la civilisation de Černjahov comme gothique, mais l'attribuent à tort à la population slave (Baran 1981; Kozak 1986: 133-135). 4 A leur propos voir spécialement Lund Hansen-Przybyła 2010. 91 Michel Kazanski – Anna Mastykova supra) (Kazanski 1994: 437, 438). On peut donc en conclure qu’au moment de la destruction de Tanaïs les Germains originaires de la civilisation de Przeworsk (Vandales ou Boranes ?) y ont été présents, soit comme défenseurs de la ville (Bezuglov 2003), soit comme envahisseurs, selon l’avis de la plupart des chercheurs. Cependant, ces mêmes umbo pouvaient être en usage également chez les Germains de la culture de Wielbark (Goths ou Gépides). Les tombes de cette culture ne contiennent pratiquement jamais d’armes. Mais chez leurs voisins orientaux, les Baltes, ces umbo sont connus (Kazanski 1994: 437, 438; Kazanski 2002: 399, 400; Kazanski 2009: 22). Ils n’ont pu parvenir chez les Baltes, aussi bien à partir de la zone de Przeworsk, que par l’intermédiaire des Germains de la culture de Wielbark. Les umbo du type Zieling O de l'époque romaine tardive, se diffusent essentiellement en Scandinavie, ils sont également attestés dans la région entre l’Elbe et l’Oder (Zieling 1989: 135, 136, Taf. 16.O). Il s’agit donc d’une arme typique des Germains scandinaves (Hérules ?). Un habitat barbare et une nécropole ont été retrouvés sur les ruines de Tanaïs. Ils sont datés, d’après les objets découverts, des périodes C2-C3 (260/270-360/370) mais surtout D1-D2 (360/370-440/450). La population qui a laissé cet habitat et cette nécropole présente un caractère hétérogène. En effet, certains traits peuvent être attribués à des Alano-Sarmates, d’autres à une population d’origine gréco-romaine, d’autres, enfin, à des Germains. En effet, Tanaïs a livré de nombreux objets du type Wielbark et Černjahov (Fig. 7.4-7) (Kazanski 1991: 8283; 2002: 400-40; 2009: 22-23 ; Bierbrauer 2008: 102106). Ce matériel germanique a probablement été laissé, ne fut-ce qu’en partie, par les Hérules qui ont été battus dans les années 330-360 par Hermanaric quelque part dans la région du Don inférieur (Kazanski 1992: 95; Shchukin et alii 2006: 72, 73). Ces Hérules originaires, d’après Procope de Césarée et de Jordanès, de la partie occidentale de la zone scandinave, sont connus sur la Méotide à partir de 267-268, c’est à dire après la destruction de Tanaïs et les premières incursions maritimes germaniques sur le Pont7. passant la le bassin de la Vistule fonctionne, à en juger d'après les découvertes archéologiques, durant toute l'époque romaine tardive. Ces contacts sont attestés par des découvertes archéologiques (fibules «monstres» déjà citées, gobelets du type Kowalk, peignes en fer, certains types de perles) et, comme nous l'avons déjà dit, par des inscriptions runiques (Fig. 5) (Kuharenko 1980: 74, 75; Werner 1988; Kazanski 1991: 41-45; Levada 2000; Levada 2006; Magomedov 2001: 119; Magomedov 2011; Ščukin 2005: 171-194; Gavritukhin 2011; Lund Hansen 2011; Quast 2011)5. Il est bien possible que ce couloir fût utilisé par des groupes des Germains septentrionaux migrant vers le Sud, tels les Hérules (voir infra). fc Tanaïs. oo pr Une série de traits de la culture de Černjahov, disséminés sur tout son territoire, sont caractéristiques du monde germanique en général et on ne peut préciser leur origine. Mentionnons par exemple: la présence sur les habitats de grands bâtiments qui comprennent un local d’habitation et un autre pour le bétail, la découverte dans des tombes de seaux en bois et d’éperons 6 , les incinérations surmontées de kourganes, la présence de pierres dans des incinérations ainsi que l’utilisation de peignes en os à une rangé de dents avec un dos semi-circulaire (Kazanski 1991: 41-45; Bierbrauer 1994: 108-112; Ščukin 2005: 173-194; Shchukin et alii 2006: 43-48). On peut conclure que l'apport germanique est avant tout le résultat direct d'une migration lente et progressive d'une masse importante des populations venues d'Europe centrale. op Mais, à en juger d'après les données archéologiques, la zone de diffusion des éléments culturels germaniques englobe également un vaste territoire au Nord de la mer Noire. Ainsi, à Tanaïs, la colonie grecque à l’embouchure du Don (Fig. 6.1), subordonnée aux rois du Bosphore Cimmérien (voir infra), et par leur intermédiaire à Rome, les objets germaniques sont présentées notamment par des armes. Ce sont les umbo de bouclier des types Konin, Chorula et Zieling O (Ščukin 1993: 326 ; Shchukin et alii 2006: 28; Kazanski 2002: 399; Kazanski 2009: 21, 22), attestés dans les niveaux de destruction de la ville. Ces derniers sont datés, d’après des découvertes monétaires, des années 250. Les umbo des types de Konin et de Chorula (Fig. 7.1-3) sont connus presque exclusivement sur des sites de la culture germanique de Przeworsk (voir y Tanaïs a survécu l’invasion hunnique, les tombes des périodes D1 (360/370-400/410) et D2 (380/400-440/450) ont été découvertes dans sa nécropole. La population est très mélangée (grecque, germanique, alaine, hunnique...). La période D2 est marquée, par l’arrivée d’objets de la mode danubienne. A côté de Tanaïs, à Sinjavka, un petit cimetière « princier » a été mis au jour (Fig. 8). Une sépulture féminine a livré des parures typiques du costume prestigieux des Germains orientaux de l’horizon Untersiebenbrunn. Une autre tombe est masculine. Elle contenait des objets du style polychrome, typique des 5 Parfois on considère les parures et les pièces de harnachement à décor gravé et estampillé, provenant des découvertes "princières" du horizon Untersiebenbrunn comme la production d'un atelier scandinave (Levada 2011). Celui-ci est connu d'après les découvertes à Sösdala et Fultofta en Scanie et Vennebo en Västergötland. A notre avis les parures et les garnitures de harnachement scandinaves et continentales, représentent deux lignes parallèles de développement d'un style décoratif, ayant les prototypes romaines (Kuharenko 1982: 240; Tejral 2011: 329) et faisant partie de la culture princière "super-régionale" (Fabech-Näsman 2012). La concentration des objets en argent, portant un décor gravé ou estampillé, en Pannonie romaine est significative (Bóna 2002: Fig. 34). Ainsi, il nous semble plus raisonnable de supposer qu'il s'agit à lórigine de la production des ateliers pannoniens et non scandinaves. 6 Pour les éperons de l'époque romaine en Europe de l'Est voir spécialement Kazanski 1994; Raduš 2013. 7 D’après Procope de Césarée, ils sont originaires très probablement de la Scandinavie méridionale (Procope, Bel.Got., II.14-15). Selon Jordanès, les Hérules ont été chassés de la Scandinavie par les Danes (Jordanès, Getica, 23). Or, rien n’indique l’existence des Danes en Scandinave avant le Ve-VIe s. (Ellegard 1987: 10). Selon A. Ellegard les Hérules ce n’est pas le nom du peuple proprement dit, mais plutôt l’appellation des élites militaires germaniques agissant dans différentes parties du Barbaricum (Ellegard 1987). 92 Les antiquités germaniques tombes des chefs militaires de l’époque hunnique (Kazanski 2002: 401-403; 2009: 23, 24). dire les Boranes, les Goths et les Hérules, actuellement est peu représentée par le matériel archéologique (Kazanski-Mastykova 2007). Une partie des objets, notamment certains types des fibules et des peignes en os (Fig. 9.1, 3, 4, 5-9) peuvent être attribués aux Goths de Černjahov (Kazanski 2002: 397, 2009: 19, 20). Il nous semble qu’un habitat stationnaire “multinational” en plaine steppe nomade correspond à la notion de zimnik. Un zimnik est à l’origine un lieu de campement où les nomades de la steppe regroupent leurs troupeaux pendant l’hiver 8 et qui possèdent souvent des bâtiments provisoires. Avec le temps, un zimnik peut devenir un habitat permanent où se concentrent notamment les familles pauvres qui ne possèdent pas suffisamment de bétail pour nomadiser, ainsi que les esclaves et les prisonniers de guerre, et où l’on garde le butin des conquêtes. Des marchands et des artisans étrangers y vivent également et l’aristocratie nomade y fait construire ses résidences d’hiver. Tôt ou tard cet habitat est entouré de remparts, des faubourgs agricoles font leur apparition. Ainsi un zimnik prend petit à petit la forme d’un habitat à caractère urbain. On sait que la population de ces “villes” nomades est hétérogène. Marchands, artisans, interprètes, agriculteurs, esclaves ou mercenaires ainsi que des aventuriers de toutes sortes d’origines très divers y cohabitent. Ainsi, nous pensons que le matériel archéologique hétérogène de Tanaïs témoigne de la présence d’un zimnik hunnique dont la population comprend des Germains. Bosphore Cimmérien. oo pr Pendant la période D1 (360/370-400/410), ou peut-être dès la fin de la période C3 (300/330-360/370), des objets germaniques du type Černjahov (peignes, fibules), parfois portant un riche décor (par ex. Fig. 9.5, 8), sont présents dans des tombes de l’aristocratie bosphorite (par ex. Novikovsky sklep 1890, tombe 145.1904, deux tombes du 24.6.1904)9. Ces parures ont été donc fabriquées pour l’élite du Bosphore Cimmérien, ce qui montre l’intégration des Goths dans le groupe dirigeant du royaume (Kazanski 1999a: 282-285; 2002: 397; 2009: 20, 213, 214; Magomedov 2001a). Il est même possible que les Goths y prennent le pouvoir. Ceci corrobore apparemment le témoignage de Jean Chrysostome, qui parle d’un roi des Goths au Bosphore Cimmérien vers 400 (Vasil’ev 1921: 312, 313; Kazanski 1999a: 284; 2009: 213-215). A quelle époque les Goths ont-ils pu accéder, ne fût ce que partiellement, au pouvoir dans cette région ? Rappelons que le royaume du Bosphore Cimmérien était un protectorat de l’Empire. La situation s’est prolongée jusqu’au 343 au moins, époque à laquelle certaines familles de l’aristocratie de Bosphore ont reçu des cadeaux impériaux (des plats en argent avec le portrait de Constance II, retrouvés dans les tombes 145.1904 et du 24.6.1904). Il est probable, que "le coup d'état" a pu se produire avant 362, quand une ambassade bosphorite est venue auprès de Julien l’Apostat pour établir des relations avec l’Empire (Ammien Marcellin, XXII.7.10). Il nous semble que seul un changement de la situation politique sur le Bosphore Cimmérien entre 343 et 362 a pu justifier l’envoi de cette ambassade10. op fc Le royaume du Bosphore Cimmérien à l’époque romaine occupe des terres autour de la mer d’Azov, en Crimée orientale («Bosphore européen»), dans la péninsule de Taman («Bosphore asiatique») (Fig. 6.E). La capitale du royaume est la ville de Panticapaion (Kertch actuelle), sur la côte européenne du détroit du Bosphore Cimmérien. Le royaume jouit un rôle exceptionnel dans l’histoire de la région pontique (Shchukin et alii 2006: 83-100; Bierbrauer 2008: 106-110 Kazanski 2009: 181-216). Les Huns s’emparent du royaume du Bosphore à la fin du IVe ou au début du Ve s., les tombes nomades de l’époque hunnique sont attestées en Crimée orientale et à Kertch même (Zaseckaja 1994: 177, 178). Cependant Jean Chrysostome parle du roi des Goths, à qui il doit 9 Pour la publication des tombes aristocratiques du Bosphore Cimmérien de l'époque hunnique voir en premier lieu Zaseckaja 1993. 10 D’après B.V. Magomedov (Magomedov 2001a) l’ambassade bosphorite de 362 ne pouvait pas être gothique, car selon Ammien Marcellin elle émane d’un peuple inconnu, alors qu’il connaissait bien les Goths. Or, les Goths à l’époque ne formaient pas une entité mais représentaient plusieurs "peuples", plus ou moins connues des Romains. Ces derniers au IVe s. ont eu des contacts surtout avec les Wisigoths, installés sur le Danube inférieur. On peut supposer que il s’agit d’un groupe éloigné de Goths, apparenté aux Greutunges/Ostrogoths (Avstrogoths), les Goths orientaux. Ceux-ci ne manifestent plus à proximité des frontières romaines depuis la défaite de 269-270, infligée par Claude et Aurélien (Wolfram 1990: 69). Les Romains entrent en contact direct avec les Greutunges seulement lors de l’expédition transdanubienne de Valens en 369, c’est à dire sept ans après l’ambassade bosphorite. Ainsi, Ammien Marcellin en 362 avait toutes les raisons pour considérer les Goths orientaux comme un peuple inconnu. Quoiqu’en soit, B.V. Magomedov partage notre point de vue sur la présence des Goths dans la classe dirigeante du Bosphore Cimmérien durant la deuxième moitié du IVe-début du Ve s. (Magomedov 2001a: 247). Mais la plupart de ces objets, originaires de la civilisation de Černjahov et dans une moindre mesure de celle de Wielbark appartiennent aux périodes C2-D1 (260/270400/410) (Tejral 1986, 1987; Kazanski 2002, 2009: 19, 20). La vague des Barbares des années 250-270, c'est-à8 y Seuls des objets isolés - fibules, garnitures de ceintures, torques- armes - découverts sur des sites de la population indigène (grecque et sarmato-alaine), témoignent d’une présence germanique sur le territoire du royaume du Bosphore Cimmérien (Fig. 9) (Kazanski 1999a; 2002: 395-400; 2009: 18-21; Magomedov 2001; KazanskiMastykova 2003a). Les plus anciens, essentiellement appartenant aux garnitures de ceintures issues de la région de la mer Baltique (voir par ex. AndrzejowskiMadyda-Legutko 2013), sont datables de la période B2/C1 (160/180-200) et témoignent, selon les chercheurs, à l'arrivé des groupes de guerriers germaniques durant la deuxième moitié du IIe s. (Vasil'ev 2005, 2005a; Šarov 2010, 2011). D’où le nom de zimnik qui vient du russe zima qui signifie hiver. 93 Michel Kazanski – Anna Mastykova autour de 400 envoyer un évêque au Bosphore Cimmérien. pas des témoignages des sources écrites sur cette population. Cependant, on peut conclure, d'après les données archéologiques que les porteurs de cette civilisation culturellement étaient apparentés aux iranophones sarmato-alanes de la steppe pontocaucasienne (Shchukin et alii 2006: 77-81)11. Sur la côte sud de la Crimée on a mis au jour des nécropoles, actuellement peu nombreuses, à forte composante culturelle germanique, dites du type Aj-Todor (Fig. 6.C) (Shchukin et alii 2006: 81-83; Myc et alii 2006). Comment peut-on expliquer la présence de ce roi gothique au Bosphore Cimmérien à côté des Huns ? Apparemment il faut examiner ce fait dans le cadre de la politique hunnique. Rappelons que les Ostrogoths sont de fidèles alliés des Huns, ils se battent aux côtés des Huns d’Attila aux Champs Catalauniques. Il est donc vraisemblable que leur présence au Bosphore et l’incorporation d’une partie d’entre eux à la couche dirigeante de la société bosphorite a été favorisée par les Huns. Ceci pour renforcer le pouvoir des Huns dans cette région, très importante du point de vue stratégique. En effet le détroit du Bosphore Cimmérien occupe une position clef dans les steppes de la mer Noire et du nord du Caucase. Il nous paraît donc possible d’interpréter la présence des Goths sur le Bosphore Cimmérien comme un aspect de la politique des Huns. pr Au Sud-Ouest de la Crimée on peut constater l'existence d'au moins trois composantes germaniques culturelles: celle du type Wielbark-Černjahov (Fig. 10), une autre probablement scandinave et une troisième danubienne (Kazanski 1991a: 494-499; 1998; 2002: 403-414; 2009: 25-34). Rappelons qu’il n’y a aucun témoignage écrit à propos d’une présence germanique au sud-ouest de la péninsule avant le VIe s. Les objets germaniques de l’époque romaine de cette région, aussi bien dans les nécropoles rurales, compris celles du type Inkerman, que dans le contexte urbain de la ville de Chersonèse, se divisent en deux groupes chronologiques. Le premier peut être daté des périodes C1 et C2 (donc 220/230260/270 et 260/270-310/330). Cette série peut être qualifié de façon conventionnelle comme celle de Wielbark-Przeworsk. En effet, au Sud de l’Europe orientale et notamment dans la zone de la civilisation de Černjahov, ces objets se diffusent grâce à la migration de la population de Wielbark et, dans une moindre mesure, de celle de Przeworsk (voir supra). oo Durant la première moitié du Ve s. (la période D2, 380/400-440/450 et celle D2-D3, 430/440-470/480), des objets germaniques d’origine danubienne - fibules, plaques-boucles- commencent à apparaître en Crimée orientale et sur la péninsule de Taman’ (Kazanski 2009: 21, 214, 215). Il s’agit sans doute du témoignage des déplacements de groupes isolés de Germains danubiens dans le cadre de «l’empire» hunnique, qui englobe alors aussi bien le Danube que la région pontique. fc On sait, d'après Procope de Césarée, que dans les années 50 du Ve s. les Goths-Tétraxites représentent une seule force réelle dans la région, capable toujours selon Procope de Césarée, d’arrêter la migration des Huns du Danube vers le Caucase (Kazanski 1991: 83, 124, 125; 1999a: 285; 2002: 399; 2002a: 137; 2009: 215). Probablement, au moment de la chute de « l’empire » d’Attila, les Goths du Bosphore Cimmérien ont échappé le contrôle des Huns. Une influence germanique est nettement attestée dans le costume féminin prestigieux du Caucase du Nord à l’époque des Grandes Migrations (Kazanski-Mastykova 2003: 136-141; 2003a; Mastykova 2009: 123-128). Il s’agit dans ce cas plutôt de l’influence de la culture « princière » germanique que d’une présence directe des Germains dans le Caucase à l’époque hunnique. y op Le second groupe est daté des périodes C3 et D1 (310/330-360/370 et 360/370-400/410). La plupart de ses objets ont des parallèles dans la civilisation de Černjahov. Ainsi, d’une façon conventionnelle nous l’appelons « le groupe de Černjahov ». L’impression qui se dégage de l’examen de ce matériel est qu’il y avait eu deux vagues de Germains arrivant au Sud-Ouest de la Crimée : la première, celle de Wielbark-Przeworsk au IIIe s. (Goths ? Boranes ? Vandales ? Hérules ?), la deuxième, celle de Černjahov, au IVe s. et au début du Ve s. (les Goths, plus précisément les Greuthunges-Ostrogoths) (Kazanski 2002: 406-409; 2009: 27-29). Les objets du type Wieilbark-Przeworsk-Černjahov et ceux d'origine danubienne sont bien connus dans la ville de Chersonèse - principale base militaire de l'Empire au Nord de la mer Noire. Les Germains faisaient donc partie de la population de cette ville, bien que la ville restât toujours sous l’autorité de l’Empire. Il n’est pas exclu que ces Germains soient venus dans la ville avec les troupes Crimée du Sud-Ouest. Le Sud-Ouest de la Crimée représentait la tête de pont du pouvoir romain au Nord de la mer Noire. Chersonèse qui se trouve à l’entrée de la baie de Sébastopol est la base militaire principale de l’Empire dans cette région (Fig. 6.2). La ville, contrairement à Olbia, Tyras, Panticapaion etc., n’a été jamais prise par les Barbares et gardait un caractère grec (Shchukin et alii 2006: 75, 76). Bien entendu, Chersonèse a eu des contacts étroits avec les populations barbares voisines. Ces populations sont connues d'après les sites, essentiellement des nécropoles du type Inkerman (Fig. 6.B). Nous n'avons pratiquement 11 L’attribution des ces nécropoles aux Alains, avancée par des archéologues de Crimée (notamment Ajbabin 1999), demande être mieux prouvée. En effet, les sources écrites ne connaissent pas des Alains en Crimée du Sud-Ouest avant le XIIIe s., quant aux arguments archéologiques, ils ne sont acceptés par tous les spécialistes (MoškovaMalašev 1999: 195-197). Nous utilisons ici le nom des Alano-Sarmates comme générique pour toute la population iranophone de la steppe de l’époque romaine. 94 Les antiquités germaniques romaines, cantonnées à Chersonèse à partir de la fin du IIIe s. (Kazanski 1998; 2009: 29). Il faut souligner la différence entre les incinérations des nécropoles du type Aj-Todor et celles provenant des sites du type Inkerman (voir supra). Certes, les incinérations dans des urnes ou « compactes » en pleine terre dominent sur tous ces sites, mais celles avec des aménagements en pierre sont attestées surtout dans les nécropoles du type Aj-Todor. Les incinérations des nécropoles du type Inkerman sont sans mobilier funéraire, tandis que celles du type Aj-Todor ont livré des armes, des pièces de harnachement, des outils, des parures etc. Il convient de noter que les objets caractéristiques uniquement des cultures de Wielbark et de Černjahov sont pratiquement absents sur les sites du type Aj-Todor. En revanche sur les sites du type Inkerman ces objets sont, nous l’avons vu, relativement nombreux. Ainsi, à notre avis, au sudouest de la Crimée, à l’époque romaine tardive, l'archéologie atteste la présence de deux groupes différents de population germanique. La composante germanique dans les nécropoles du type Inkerman est originaire des cultures de Wielbark, de Černjahov et dans une moindre mesure de Przeworsk. Elle peut être mise en liaison avec des Goths ou leurs alliés. pr Les éléments culturels germaniques sont attestés dans le contexte funéraire de nécropoles du type Inkerman (par ex. Khrapunov 2013). On y a mis au jour des incinérations pratiquement sans mobilier. Les incinérations ne sont pas caractéristiques de la population iranophone de la steppe. En revanche, elles sont bien connues pour les civilisations de Wielbark et de Černjahov, où elles sont presque toujours accompagnées de nombreuses inhumations en pleine terre, dans des fosses simples, parfois à fond excavé, la tête au Nord. Ce type d’inhumation n’est pas caractéristique des nécropoles du type Inkerman en général ni des celles où les incinérations sont attestées. Ainsi, à ce jour on ne connaît pas en Crimée du Sud-Ouest d’inhumations typiques de Černjahov ni de nécropoles bi-rituelles (incinérations et inhumations la tête au Nord), caractéristiques de cette civilisation. Apparemment les groupes germaniques qui s’installent dans cette région, pratiquaient surtout des incinérations. Les nécropoles qui contiennent exclusivement des incinérations sont connues dans la culture de Wielbark (Brest-Trišin, Dytyniči, Ljuboml’, Velemiči I, etc.). Mais elles sont rares dans la civilisation de Černjahov (par ex. Hanska-Luterija II, Pavljukovka, Bašmačka, Dolheşti-Mare). Aussi, les incinérations sur les sites du type Inkerman sont-elles plutôt originaires de la civilisation de Wielbark. On peut supposer que dans ces quatre cas (Bel’bek-1, SkalistoeIII, Černaja Rečka, Tankovoe) deux groupes, l’une iranophone, l’autre germanique utilisaient ensemble la même nécropole et sans doute formaient une seule communauté. La présence d’objets du type Wielbark et Černjahov dans des inhumations typiques de la population iranophone témoigne en faveur de cette supposition (Kazanski 2002: 403-409; 2009: 25-29). op fc oo Le caractère germanique des nécropoles du type AjTodor est aujourd’hui évident pour tous les chercheurs. Mais les tentatives de trouver des parallèles exacts parmi les antiquités germaniques d’Europe centrale et orientale n’ont pas donné de résultats. En revanche, les tombes de la côte sud de la Crimée rappellent celles de l’époque romaine, découvertes dans la partie occidentale de la zone scandinave, où les incinérations avec des aménagements en pierre, contenant des armes sont bien connues. En Norvège méridionale et moyenne les incinérations dans des coffres ou sous des pavements et de amas de pierre sont bien attestées aussi bien à l’époque romaine qu’à l’époque des Grandes Migrations 12 . Bien entendu, des différences existent : les tombes norvégiennes sont placées sous des tumuli, leur mobilier est plus riche et plus varié, les inhumations y sont nombreuses. Mais il serait illusoire d’attendre une simple transplantation de la totalité des traits culturels à travers l’Europe. La culture matérielle et spirituelle d’un groupe des migrants se transforme toujours. Et la présence d’éléments scandinaves en Crimée ne paraît pas aussi incroyable, si l’on se rappelle les liens scandinaves des Hérules (voir supra), ou encore des Eudosianes pontiques, connus d'après le Périple de Pseudo-Arrien (voir à leur propos Kazanski 2002: 413; 2009: 31-33, 234). y La présence d’éléments culturels scandinaves - pratiques funéraires, armes - est attestée dans deux nécropoles de la côte sud : Aj-Todor et Čatyr-Dag. Les nécropoles mentionnées ont livré des incinérations, deux inhumations seulement sont présentes à Aj-Todor. Les tombes ont livré des armes, parfois intentionnellement cassées, des faucilles (deux tombes à Aj-Todor et trois à Čatyr-Dag), des mors de cheval (Aj-Todor). Ainsi, les sépultures contenant des armes représentent à Aj-Todor et Čatyr-Dag respectivement 16,6% et 9%, ce qui correspond dans les sociétés traditionnelles à la majorité de la population masculine, apte au combat. Les parures et les accessoires vestimentaires, découverts dans ces nécropoles sont bien connus chez les Germains orientaux et en Scandinavie. Les armes, provenant de ces nécropoles sont, elles aussi, largement diffusées en Germania libera. Citons à titre d'exemple les lances du type Drezden-Dobritz, les piques, certains types d'umbo (Kazanski 2002: 409-414; 2009: 30-34; Myc et alii 2006: 119-123; Shchukin et alii 2006: 81-83; Kontny 2013). 12 F.-A. Stylegar a souligné que les parallèles norvégiens pour les pratiques funéraires des sites du type d'Aj-Todor englobent toute l'époque romaine. De plus ces traits dans le contexte funéraire norvégien ne se rencontrent pas dans les mêmes tombes, mais se manifestent d'une façon sporadique (Stylegar 2011). Cependant la Norvège représente actuellement un seul territoire où touts ces traits, sans exception, sont attestés, ce qui à notre avis témoigne des contacts entre les Germains de la côte sud de la Crimée et la région scandinave. Bien sûr, il faut éviter les reconstitutions historiques trop directes qui stipulent une simple transplantation d'un groupe des migrants scandinaves en Crimée. Peutêtre il s'agit d'un processus relativement long et indirect. 95 Michel Kazanski – Anna Mastykova Dans les années 330-360 le célèbre roi gothique Hermanaric, descendant de la dynastie des Amales, hérite donc d’une fédération gothique, formée des peuples germaniques et non germaniques (Sarmates, Scythes, Thraces, Vénèthes, protoslaves), qui occupe un territoire situé entre le Danube et le Don (Donetz) et dont la civilisation de Černjahov est l'expression archéologique. Jordanès nous apprend qu’Hermanaric s‘efforce d’agrandir sa zone d’influence vers le Nord et vers l’Est. Hermanaric, à en croire Jordanès, qui dans ce cas sans aucun doute puise son information dans les chansons des gestes gothiques, le roi ostrogothique attaque les «arctoi gentes », plus précisément « Goltescytha Thiudos Inaunxis Vasinabroncas Merens Mordens Imniscaris Rogas Tadzans Athaul Navego Bubegenas Goldas » (Jordanès, Getica, 116). Dans cette suite apparemment incohérente de noms, les chercheurs sont arrivés à reconnaître quelques peuples finno-ougriens et baltes de la zone forestière de l’Europe orientale, connus des chroniques médiévales. Les parallèles établis entre les Merens et les Merja, les Mordens et les Mordves, les Rogas et les Ougres (Uroges) 14 signifieraient qu’Hermanaric aurait conquis le territoire en Russie centrale peuplé des Finno-ougriens, réunis sous le nom de Golthescytha Thiudos. Le mot gothique -thiudos signifiant «peuple» et le terme Golthescytha pouvant être une déformation des Celtoscythes, Kελτοσκύθαι, appellation parfois donnée, selon Strabon, par les auteurs anciens grecs aux peuples mal connus du Nord (Strabon, Géographie I.27, XI.6.2). Rappelons que les auteurs grecs considéraient le bord de l’Océan, c’est-à-dire la mer Baltique et la mer du Nord, comme «scythe», jusqu’à l’embouchure du Rhin, où, selon eux, commençait la Celtique (Svennung 1974: 9, 10). Les "Celto-Scythes" seraient donc les habitants de la région mal connue frontalière entre la Sctyhie et la Celtique, quelque part au Nord. Très probablement Jordanès, dans sa description des guerres d’Hermanaric a utilisé un de ces anciens auteurs (Kazanski 1992; Shchukin et alii 2006: 55, 56). Une série d’objets germaniques de la mode danubienne marque la période D2 et le début de la période D2-D3 (380/400-460/470) en Crimée du Sud-Ouest. Ce sont les fibules et les éléments de garnitures de ceinture (Kazanski 1998; 2009: 29, 234). Ces objets y sont moins nombreux qu’au Bosphore Cimmérien ou à Tanaïs. On ne peut pas expliquer leur présence ici par le déplacement des Germains dans le cadre de « l’empire hunnique », car le Sud-Ouest de la Crimée, avec la base militaire de Chersonèse, a été tenu par les Romains. En revanche, l’arrivé des soldats germaniques, recrutés dans la région balkano-danubienne et accompagnés de leurs familles, pour renforcer la défense de la région de Chersonèse, nous paraît très probable. Cependant, une partie de ces objets danubiens, notamment ceux découverts à Yalta et à Gourzouf, peuvent appartenir à la noblesse barbare locale, qui suivait la prestigieuse mode danubienne. Zone forestière de l’Europe orientale. fc oo pr Ainsi, l’examen du matériel archéologique de la Crimée et de la mer d’Azov montre les origines diverses des Germains pontiques. Ajoutons pour conclure, que ces Germains apparaissent sur la mer Noire, accompagnés de différents groupes d’origine non germanique : la découverte d’une fibule carpo-dace dans le trésor du IIIe s. de Dolinnoe au sud-ouest de la Crimée ou encore celle d’émaux balto-protoslaves du IIe-IVe s. sur plusieurs sites de Crimée, du Don, et de Taman (Čatyr-Dag, Rogožkino XIII, Kepoï: voir en dernier lieu Zin'kovskaja 2010) en sont le témoignage (Kazanski 2002: 413-414; 2009: 33, 34). op Dans le cadre de notre sujet il faut évoquer les influences « occidentales », qui, à partir de la région pontique et de la steppe forestière de l’Ukraine se diffusaient dans la zone forestière de la Russie et de la Biélorussie. Le rôle de ces contacts dans l’histoire slave à l’époque romaine tardive est capital. En effet d’une part la pression militaire des Goths, installés en Ukraine, favorise le processus de consolidation politique du monde slave, l’apparition des structures pré-étatiques, du type « chefferies complexes » 13 , d’autre part, grâce à ces contacts les Slaves se trouvent impliqués dans le réseau des échanges commerciaux, qui favorise leur évolution économique (Kazanski 1992, 1993; Shchukin et alii 2006: 55-60). Dans ces contacts les voies fluviales deviennent les principaux axes de pénétration des importations et des éléments culturels « occidentaux » dans le Nord. y Il paraît peu vraisemblable qu’Hermanaric ait conquis d’une façon tangible les territoires immenses et peu accessibles à cause des forêts et des marécages. Nous supposons plutôt qu’il a effectué quelques opérations éclairs -du type de celles menées plus tard par les Vikings -sur les grands fleuves tels l’Oka ou la Volga (Fig. 11). En effet, ces fleuves servaient dans l'époque protohistorique de voies de communications entre la région du Dniepr et l’Oural, riche en cuivre et en or. De plus la forêt de l’Oka et de la Volga constituait une réserve inépuisable en fourrures. La chasse à la fourrure à l’époque romaine dans cette région est bien attestée par les données d’ostéologie (voir en détails Kazanski 1992: 95, 96; Shchukin et alii 2006: 59). Certes, les Romains au IVe s. ne portaient pas des vêtements en fourrure, cette mode arrive dans la Méditerranée seulement vers la première moitié du VIe s. En revanche les peuples barbares, et notamment les Goths le portaient déjà à 13 Une chefferie se caractérise par la présence d’un chef, souvent sacralisé, qui a des fonctions cultuelles, militaires, administratives et économiques (en particulier la réception et la redistribution des dons reçus de la part des autres membres de la communauté). Ce chef est à la tête d’une hiérarchie fondée sur l’inégalité des clans et des familles. Une chefferie est divisée en groupes (communautés villageoises, clans) qui ont chacun leurs « sous-chefs ». Dans les chefferies "complexes" autour d’une chefferie centrale avec un chef suprême, se forment plusieurs chefferies périphériques subordonnées (pour l'Europe de l'Est à l'époque romaine voir: Kazanski 1997: 12, 13). 14 Il ne s'agit que des parallèles très hypothétiques, voir Korkkanen 1975. 96 Les antiquités germaniques ethnographique, ne font jamais l’objet d’un commerce (Werner 1970: 75-80; Mastykova 2009: 7, 8). Elles montrent donc des déplacements effectifs des leurs porteurs ou plutôt porteuses. Les éperons sont également significatifs (Fig. 13). Ils existent seulement dans l’armement européen et sont totalement absents aussi bien chez les peuples de la steppe que chez les Finnoougriens de l’Eurasie forestière. Les pays baltes et la zone vénèthe (proto-slave) des civilisarions de PostZarubincy/Kiev représentent à l’époque romaine la marge orientale de l’aire de diffusion d’éperons (Kazanski 1994; Raduš 2010; Raduš 2013; Radyush 2013). Leur présence témoigne de l’influence militaire germanique (Kazanski 1997). l’époque d’Hermanaric, les représentations romaines des Barbares le prouvent. Ces raisons ont pu inciter Hermanaric à effectuer une démonstration de force sur l’Oka et la Volga afin d’ouvrir ces voies fluviales aux marchands gothiques et peut-être, par la même occasion, a-t-il extorqué un tribut à la population finnoise locale. On pourrait donc parler, en reprenant l’expression utilisée par H. Wolfram d’un « protectorat » gothique sur cette région (Wolfram 1990: 99)15. Enfin, le règne d’Hermanaric coïncide avec une expansion gothique vers le Nord-Ouest. L’offensive a d’abord été dirigée contre les Vénèthes-Slaves du HautDniepr qui ont laissé la civilisation archéologique de Kiev. Les Vénèthes, quoique nombreux et, à en croire Tacite, très doués pour la guérilla (Tacite, Germanie, XLVI), étaient selon Jordanès mal armés et mal préparés pour une véritable guerre. Aussi n’ont-ils pu résister à l’armée gothique et se soumettent donc à Hermanaric. Ayant conquis les Vénèthes, Hermanaric porte son attention sur les Aestii, le peuple balte, vivant selon les auteurs antiques, au bord de « l’Océan » (la mer Baltique). La côte sud de la mer Baltique, dans sa partie prussienne, occupée par les Aestii, était très convoitée car là se situe aujourd’hui le plus grand gisement au monde de l’ambre, très recherchée dans l’Antiquité. Il est évident que Hermanaric n’avait aucune chance de gagner une guerre dans cette région, trop éloignée des terres gothiques. Il a donc dû changer de tactique et Jordanès rapporte que les Aestii ont été soumis grâce à la « prudentia et virtute » d’Hermanaric, autrement dit grâce à des démarches diplomatiques dans lesquelles la renommée du souverain a joué un grand rôle. Il est difficile de déterminer l’ampleur exacte de l’action d’Hermanaric parmi les Vénèthes et les Aestii. On peut supposer qu’elle s’est concentrée à proximité de grands axes fluviaux de la zone forestière : le Dniepr, la Berezina, le Niémen et la Dvina occidentale. Le but de cette action est aussi transparent : ces fleuves sont les routes principales du commerce de l’ambre vers l’Est (Kazanski 1992; Shchukin et alii 2006: 55-59). fc oo pr Ces objets se diffusent sur deux axes : vers le Nord-Est, le long des fleuves de la Desna, de l’Oka et de la Volga et vers le Nord-Ouest, le long du Dniepr, la Berezina et le Niémen, ce qui correspond à deux routes fluviales importantes de l’Europe orientale durant l’époque romaine, Dniepr-Baltique et Dniepr-Volga (Kazanski 1992: Fig. 16, 17; Levada 2010: 591). On peut donc conclure que l’histoire des conquêtes d’Hermanaric, rapportée par Jordanès se présente comme une tentative des Goths pour s’emparer du réseau de communication de la zone forestière de l’Europe orientale. Il ne s'agit donc pas de la présence réelle germanique dans cette région à l'époque romaine tardive, mais plutôt des contacts militaro-politiques et économiques des populations forestières avec les Germains. Les influences danubiennes au Nord de la mer Noire à l’époque post-hunnique. op Dans l’Est européen, aussi bien qu’en Occident, la nature des contacts économiques, politiques et culturels a évolué à la suite de l’invasion hunnique. Cependant les deux courants principaux - de l’Europe centrale vers la mer Noire et du Sud (région pontique et Danube) vers les forêts du Nord - subsistent (voir supra). Les influences germaniques orientales, venant du Danube, des Balkans et de l’Italie se manifestent dans la civilisation de la population barbare de l’Europe orientale. y Les témoignages archéologiques semblent confirmer la réalité des contacts des Goths avec la zone forestière de l’Oka, de la Volga et du Dniepr aussi bien que avec le Don inférieur. C’est une série d’objets caractéristiques de la civilisation de Černjahov, essentiellement les fibules, les peignes ou des armes (notamment éperons) qui sont attestées dans la zone présumée d’activité d’Hermanaric (Fig. 12, 13) (Kazanski 1992: 92-94; Ahmedov 2007; Raduš 2013; Radyush 2013). Rappelons que les fibules (Fig. 12.1-5), étant partie intégrante du costume féminin On peut observer plusieurs modalités de diffusion des éléments « occidentaux ». On peut supposer tout d’abord la migration directe de certains groupes de la population germanique danubienne vers la région pontique après la chute de « l’empire » d’Attila en 454. On sait que les Huns, dans leur recul vers l’Est ont été accompagnés de leurs alliés germaniques. Ainsi, Jordanès nous apprend que les fils d’Attila ont été repoussés en 456 de la Pannonie vers la région du Dniepr (le « Var » de Jordanès) par le roi ostrogothique Valamer (Jordanès, Getica, 269). Or, selon le même Jordanès, les Germains Angiskires sont en 456 subordonnés à un groupe de Huns, conduit par le fils d’Attila, Dengezich (Jordanès, Getica, 272). Les Angiskires ont donc suivi les Huns dans leurs migrations vers l’Est et il est tout à fait possible que ce soit justement eux qui aient apporté, dans la région 15 Hermanaric a également entrepris une guerre aux frontières orientales de son royaume, contre les Hérules de la Méothide qu’il aurait selon Jordanès, en grande partie exterminés. Le territoire contrôle par Hermanaric voisinait ainsi avec les Alains du Don. On peut imaginer, que le but de l’opération était la prise de l’embouchure du Don, la région où habitaient les Hérules (voir supra) et où passait un courant très important du commerce (Kazanski 1992: 96; Shchukin et alii 2006: 59). En effet, deux grandes routes fluviales, celle du Don et celle de la Volga avaient l’embouchure du Don pour le terminus. 97 Michel Kazanski – Anna Mastykova 1998: 338, 339; 2009: 410, 411). L’envoi des régiments gothiques de Mésie vers le Bosphore Cimmérien par Justinien en 530-533 est d’ailleurs bien connu grâce aux sources écrites. Ces soldats ont été accompagnés de leurs familles, ce qui explique l’apparition des parures féminines balkano-danubiennes du type germanique au Nord de la mer Noire (les plus anciennes: Fig. 18.1, 5). En effet, les mariages entre Romains et Barbares étaient interdits par la loi romaine. Les soldats barbares ont donc été obligés d’amener leurs femmes du Barbaricum. Ainsi, les bijoux liés au costume féminin des Germains orientaux arrivaient en Crimée avec les femmes qui les portaient et étaient copiés par la population barbare locale. Une série d’objets germaniques, originaires de l’Europe centrale et des Balkans et leurs imitations et dérivées locales, y est attestée à Chersonèse, ainsi que dans des sites de la population barbare de la région environnante du Sud-Ouest de la Crimée et dans le Bosphore Cimmérien. Ce sont par ex. les fibules digitées dérivées du type Arčar-Histria ou les plaques-boucles à tête d’aigle et celles losangiques à décor zoomorphe (Fig. 18.4, 7) (Kazanski 2009: 410). pontique le matériel danubien (Kazanski 1992a; 1996; 2011). Les alliés germaniques des Huns (parmi lesquels se trouvaient sans doute d’autres tribus que les Angiskires) ont dû les accompagner en Crimée orientale, où les Huns sont attestés par Procope (Procope, Bel. Got. IV.5). En effet, une série d’objets danubiens du deuxième tiers du Ve s. (périodes D2/D3 et D3) apparaissent à cette époque sur le Dniepr (Fig. 14) et en Crimée. Les imitations du costume germanique « princier », à grandes fibules en tôle d’argent sont attesté alors en Ukraine (par ex. Volobuevka: Fig. 15), une série d’objets du costume «ordinaire », réservés à la « classe moyenne » des Germains orientaux est également présente. Citons à titre d’exemple les fibules des types Prša-Levice et de BrateiVyškov (Kazanski 1992a; 1996; 2011). pr Ces groupes danubiens alliés aux Huns pouvaient être d’ailleurs peu nombreux ; mais ils comprenaient sans doute les représentants de familles nobles, dont le costume féminin de tradition germanique orientale se caractérise par la présence d’une paire de fibules en tôle d’argent (Tejral 1973; Tejral 2011: 185-190). Plus tard, à l'époque post-hunnique ce costume est également attesté chez les Goths en Crimée (fig. 17) (Ambroz 1968; Ajbabin 1999: 107-111; Furas'ev 2009; Fourassiev 2012). Sans doute il représente une réplique "démocratique" du costume prestigieux (Kazanski 2009: 407, 408). Le modèle de la diffusion de la mode danubienne du Ve s. proposé ici est d’autant plus vraisemblable que le costume « populaire » des Wisigoths espagnols se forme de la même façon, sous l’influence de nobles Ostrogoths de l’entourage d’Amal Vidimer qui est venu en Espagne de la Pannonie en 472-474 (Périn 1993). fc oo Une épée provenant de la Russie méridionale (Fig. 19), probablement de Taman (Fig. 16.4) et conservée aujourd’hui à Cologne (Menghin 2007: I.34.5) possède sur la garde un décor quadrilobé, caractéristique des objets mérovingiens et wisigothiques, mais quasi-absent en Europe de l’Est et en Méditerranée orientale. On peut supposer que cette arme est venue au nord de la Mer Noire avec le régiment « espagnol» (wisigothique ?) du tribun Dalmatius, qui est arrivé dans le Bosphore Cimmérien en 528 (Kazanski 1996: 329; 2001: 408; 2009: 410). Une série d’objets italo-ostrogothiques du VIe s. est attestée en Crimée. Ce sont les fibules du type UdinePlanis et leurs dérivées, les plaques boucles des types Krainburg, Ljubljana-Dravlje, celles à décor végétal etc. (Fig. 18.3, 8-10) (Kazanski 1996: 329, 330; 1998, 338, 339; 2009: 410, 411). Ces objets peuvent prouver la présence des Ostrogoths déportés d’Italie par Justinien et utilisés pour la défense des frontières lointaines de l’Empire. y op Les nécropoles du type Suuk-Su, très probablement appartenant aux Goths du pays Dori en Crimée du SudOuest (Fig. 16.B) (Kazanski 1991: 118-124; Bierbrauer 2008: 117-122), ont livré de nombreux exemples de l’adaptation « populaire » (Fig. 17) du costume « princier » germanique orientale, avec deux fibules digitées ou en tôle métallique ce qui montre l’influence de la civilisation « princière » du Danube16. La présence de troupes byzantines, formées de Germains, dans les villes grecques en Crimée était une autre source de l’influence germanique orientale sur la population de la Crimée et de la Taman (Kazanski 1996: 329, 330; Enfin, une série d’objets gépides du VIe s. est attestée en Crimée. Il s’agit avant tout de plaques-boucles décorées de tête d’aigle, de fibules digitées à décor végétal et losangique sur le pied et celles digitées décorées d’une sorte de chaîne en relief (Fig. 18.2,6,11,12). Actuellement, il est difficile d’expliquer l’apparition d’objets Gépides en Crimée, car aucune source écrite n’atteste des contacts quelconques entre les Gépides du Danube et la population de la péninsule. On peut cependant supposer la déportation d'une partie des Gépides de Sirmium lors des événements militaires de la première moitié du VIe s. (Kazanski 2013). 16 Soulignons toutefois que le récit de Procope qui laisse supposer l’arrivée en Crimée d’une partie des Ostrogoths à l’époque de Théodoric le Grand nous paraît peu vraisemblable (Procope, De aedific. 3.7). En effet, les Goths de Crimée sont incontestablement orthodoxes, Procope le dit, tandis que les Ostrogoths de Théodoric étaient ariens. D’autre part, le costume féminin à deux fibules en tôle métallique bien représenté chez les Goths de Dori durant tout le VIe s., est remplacé chez les Ostrogoths par celui à fibules digitées avant l’époque de Théodoric. Ainsi, les antiquités ostrogothiques en Italie ne contiennent pas de fibules en tôle métallique (Bierbrauer 1975). Cependant il faut y signaler quelques découvertes, qui correspondent à notre avis plutôt à l'époque pré-gotique du milieu et de la deuxième moitié du Ve s., voir en détails: Bierbrauer 1991. Durant le milieu- seconde moitié du Ve s. des objets danubiens ou leurs imitations ont été découvertes encore 98 Les antiquités germaniques Enfin, il faut évoquer les contacts entre les Germains orientaux et les Slaves à l'époque post-hunnique. Il s’agit des fibules digitées du VIe s., découvertes dans la région du Dniepr et du Bas-Danube, sur le territoire occupé par les civilisations slaves (Fig. 21): Prague, attribuée aux Sclavènes des sources écrites, c'est à dire aux Slaves proprement dits (Iaşi-Crucea lui Ferenţ, Vinderei), Penkovka, appartenant aux Antes (Martynovka, distr. de Kanev, Knjaža Gora, Čapaevka, Gradižsk-Kruča, Berezovka, Derinkovec) et de celle de Koločin, dont le nom des porteurs nous reste inconnu (Velyki Budki). Ces agrafes (Fig. 22) sont d’origine germanique danubienne, très probablement gépide (Gavrituhin 1997; Gavrituhin 2011a; Mastykova 2008; Kazanski 2013b). On peut supposer que les fibules gépides sont arrivées chez lez Slaves avec leurs porteuses, peut être comme résultat des mariages mixtes - ceux-ci étaient un moyen habituel de renforcer les liens politiques et militaires entre les différents groupes de Barbares. plus à l’est, sur la côte orientale de la mer Noire, chez les Goths-Tétraxites auxquels on attribue la nécropole de Djurso, près de la ville actuelle de Novorossisk (Fig. 16.5) (Kazanski 2002a; Kazanski-Mastykova 2003: 136141; Mastykova 2002; 2009: 126, 127; GavritukhinKazanski 2010). Le costume féminin des tombes les plus anciennes de cette nécropole (Fig. 20) comporte les fibules en tôle d'argent (Dmitriev 1982), des types danubiens et les boucles d’oreille à pendant polyédrique caractéristiques des Germains du Danube. D’autre part, les mêmes tombes ont livré des perles discoïdes en ambre, portant un décor gravé, caractéristiques de tombes danubiennes, et dont la production est attestée dans les ateliers du deuxième tiers du Ve s. de Swilcza et probablement de Basonia en Pologne méridionale (Mastykova 2001). pr Comment peut-on expliquer la présence de ces objets chez un groupe de Goths isolés du reste du monde germanique? Selon Procope de Césarée les Goths Tétraxites sont originaires de la Crimée orientale, qu’ils quittent, apparemment dans les années 450, en suivant les Huns dans leur migration de l’Europe centrale, vers le Caucase du Nord (Bel. Got. IV.5)17. Il est très probable que le costume danubien est parvenu chez les Tétraxites avec la vague de migrants danubiens d'après-Attila. Et, comme les Huns ne portaient pas le costume avec des fibules, il a pu être adopté par les Tétraxites sous l’influence des groupes germaniques qui accompagnent les Huns dans leur retraite vers l’Est. La zone forestière à l’époque hunnique et posthunnique. fc oo En ce qui concerne les contacts entre le Danube et le Pont d’une part, et la zone forestière de l’Europe orientale d’autre part à l’époque post-hunnique, ils sont marqués par une vague de l’arrivé des importations et des éléments cultures « occidentaux » (Fig. 23 et 24) (Ambroz 1970; Furas'ev 1996; Kazanski 1999: 51-55; 1999b; 2000; 2000a; 2013a; Ahmedov-Kazanski 2004; Ahmedov 2007; 2010; 2014 ; Bliujienė 2007; BliujienėSteponaitis 2009; Bliujienė-Curta 2011; Bliujienė 2013). Cette vague commence à l’époque hunnique, probablement sous Attila et continue jusqu’au milieu du VIe s. Elle témoigne, à notre avis, de l’activité militaire des ressortissants danubiens, essentiellement Germains, ainsi que de leurs alliés slaves et baltes. En effet, dans la zone forestière, de la mer Baltique à la Russie centrale le Ve s. coïncide avec la période des troubles. L'apparition d'habitats fortifiés ou de refuges en Lituanie, en Russie du Nord-Ouest, sur le Haut-Dniepr et en Biélorussie du Nord, en est un témoignage éloquent. De plus des traces nettes de destructions, datés de l'époque des Grandes Migrations ont été repérés sur certaines refuges (par ex. Demidovka, Aukchtadvaris, Aukuro-Kalnas) (Furas'ev 1996). Les flèches à trois ailettes élargies dans la partie y op Les influences bosphorites et tétraxites dans le costume sont bien attestées dans le bassin du Kouban Inférieur, dans les nécropoles comme Paškovskij, Habl’, Hutor Lenina. Une partie des objets de tradition bosphorite/tétraxite est sûrement fabriquée sur place d’après les prototypes importés, d’autres sortent directement d’ateliers bosphorites. Les contacts entre le Kouban Inférieur, le Bosphore Cimmérien et les GothsTétraxites étaient très denses, on peut supposer la présence physique des Germains orientaux parmi la population de la région du Kouban. L’autre zone de concentration d’objets originaires du milieu bosphoritetétraxite se situe dans le Kouban Moyen, près de la ville de Majkop d’aujourd’hui. Malheureusement, il s’agit d’objets isolés, hors contexte, provenant des marchands d’antiquités. On peut cependant remarquer que ces objets rappellent bien ceux découvertes dans le bassin du Kouban Inférieur (Mastykova 2009: 123-128; Gavritukhin-Kazanski 2010)18. Pyatigorie et le Haut-Kouban) où à partir du Ve s. existent des centres du pouvoir alains, qui entretiennent les contacts avec l’Empire byzantin par l’Abkhazie et où la forte influence méditerranéenne/byzantine est dominante dans la formation de la civilisation locale. On connaît ici les tombes privilégiées, accompagnées d’épées byzantines d’apparat; le costume féminin local contient des éléments de la mode prestigieuse méditerranéenne. Les fibules de fabrication locale, qui imitent les prototypes bosphorites, en nombre considérable, y ont été mises au jour en Kabarda-Balkarie et en Ossétie du Nord. Mais les objets de fabrication bosphorite y sont totalement absents. La civilisation aristocratique de la Kabarda-Balkarie se formait, à en juger d’après les découvertes « princières » (Kudinetovo, Ozorukovo), sous l’influence directe byzantine, via Abkhazie (Kazanski-Mastykova 1999; 2003: 115126). Ainsi, les fibules ansées d’inspiration bosphorite dans ces régions ne sont pas directement liées à l’influence bosphorite/tétraxite mais témoignent plutôt d’une mode pan-caucasienne (Mastykova 2009: 4851, 53-57). L’ambassade des Goths - Tétraxites vient à Constantinople en 548 (Procope, Bel. Got. IV.4), pour demander un évêque. Cela témoigne par ailleurs, que les Tétraxites étaient des orthodoxes, comme leurs parents du pays Dori en Crimée. A cette occasion les ambassadeurs tétraxites manifestent leurs sympathies politiques pro-byzantines ainsi que leur hostilité envers d’autres Barbares du Caucase du Nord. Cependant, subordonnés aux Huns - Outigours ils sont obligés participer à la guerre, que ces derniers déclenchent en 551 contre les Huns - Koutrigours et une armée tétraxite de 2000 guerriers participe dans les opérations (Procope, Bel. Got. IV.18). 18 Il faut noter que les modes vestimentaires tétraxites et bosphorites n’englobent pas la partie occidentale du Caucase du Nord (la région de 17 99 Michel Kazanski – Anna Mastykova médiane, dites hunniques, sont attestées en Russie forestière, en Biélorussie ainsi que sur des refuges baltes de Lituanie. Parfois, ces flèches se trouvent dans des couches d'incendies et de destructions (Aukchtadvaris, Aukuro-Kalnas, Demidovka) (voir pour la Lituanie: Luhtan 1996). (voir supra à propos des Angiskires) mais les types et l'assortiment de ces objets sont différents dans ces deux zones. Ainsi, en Ukraine les armes occidentales, les plaques-boucles réniformes à décor à taille biseautée, les boucles à ardillon à base rectangulaire aplatie, les fibules du type Smolin, les garnitures des chaussures à décor aviforme ou les objets à décor quadrillé sont absentes. En revanche les types des objets danubiens connus en Ukraine (Kazanski 1996; 2011) ne sont pas attestés dans la zone forestière. Qui était à l'origine de cette aggravation de la situation militaire, à la fin du IVe-début du VIe s., dans la zone forestière de la Russie? Les flèches à trois ailettes sont connues avant tout chez les peuples de la steppe, et particulièrement chez les Huns. Mais elles étaient également en usage chez les Slaves (Kazanski 1999c: 202). D'autre part ces flèches existent au Ve s. chez les Germains (par ex.: Anke 1998: 67-73; Tejral 2011: 362368). Enfin l’apparition des cavaliers hunniques, dans une zone peu propice à leur type de combat, nous paraît peu concevable. Rappelons que même au XIIIe s. la partie occidentale de la Russie forestière ainsi que la Biélorussie et la Lituanie, sont restées pratiquement inaccessibles aux invasions tatares. pr La situation politique et militaire est très instable sur le Danube après la chute de l'empire d’Attila en 454-455 (voir par ex. Jordanès, Getica, LII-LVI). Cette situation a provoqué le départ d'une partie de la population. Ainsi, sous le règne de l'empereur Anastase, les Hérules, battus par les Lombards et les Gépides, ont été obligés partir vers le nord, en Scandinavie, en passant d'abord par le territoire des Sclavènes (Procope, Bel. Got. 11.14,15). On peut supposer que des groupes de guerriers danubiens (germaniques et sclavènes) sont partis, d'abord vers le nord, dans les pays baltes et puis, en association avec des groupes des Baltes, vers le nord-est, dans la zone forestière de la Russie. Rappelons que la route entre l'Italie ostrogothique, le Danube moyen et la côte sud de la Baltique était parfaitement connue, comme le prouve une ambassade des Baltes-Aestii auprès de Théodoric le Grand. Ce n'est pas une véritable migration d'une population nombreuse, mais plutôt une pénétration de groupes de guerriers d'origines différentes qui ont apporté des objets prestigieux et de nouveaux types d'armes et ont provoqué les troubles et les changements (Furas'ev 1996; Kazanski 1999: 51-55; 1999b; 2000; Kazanski-Ahmedov 2004). fc oo Il est très possible que les Slaves -Vénèthes de la civilisation de Kiev- Koločin effectuent à partir de la fin du IVe s. une expansion vers la zone forestière. La situation militaire au sud, surtout l'invasion des Huns dans la région pontique, ainsi que la guerre entre les Goths et les Vénètes (Kazanski 1993) favorisait le départ d'une partie de ces derniers vers le nord. Mais la pression de la population méridionale vers le nord coïncidait apparemment avec celle qui venait de l'ouest. Selon certains chercheurs, l'activité militaire attestée dans la zone forestière au Ve s. -première moitié du VIe est liée, au moins en partie, à l'expansion de groupes de ressortissants danubiens de l'époque post-hunnique. Les armes et les pièces d’équipement du type occidentalehaches, lances, boucliers, épées, mors de cheval, éperonstémoignent, de contacts avec l'Occident (Kazanski 1999b; 2000; 2000a). Dans certains cas, ces armes forment une panoplie caractéristique de l’Europe centrale. Citons la tombe de Doložskij Pogost, qui a livré un umbo, un fer de lance et des mors typiques des tumuli baltes de Niémen. Il s’agit sans doute d’un individu soit d’origine balte occidentale, soit de quelqu’un qui était en contact avec les guerriers baltes (Kazanski 1999b: 409-411). La diffusion d'armes occidentales et baltes coïncide avec celle de parures de même origine. Ce sont essentiellement les fibules et les garnitures de ceinture. Ainsi, le matériel archéologique confirme l'hypothèse d’une infiltration dans la zone forestière de Russie vers le milieu-la deuxième moitié du Ve s. de groupes de guerriers venus de l'ouest, peu nombreux, mais bien armés et sans doute mieux organisés que la population indigène (balto-slave et finnoise). Ces groupes étaient d'origine danubienne (essentiellement germanique, mais également slave, voir le matériel de Jur’evskaja Gorka: Kazanski 2000) et balte. Ils sont arrivés sans aucun doute dans la zone forestière par les pays baltes, plus précisément par la Prusse et la Lituanie. On pourrait supposer la diffusion des objets danubiens en Russie forestière via l'Ukraine y op La mode prestigieuse militaire pouvait jouer son rôle, parfois d'une façon indirecte, dans la diffusion des armes et des éléments du costume guerrier danubien parmi les populations forestières de l'Est (Ahmedov 2010a). Il est significatif qu'en Lituanie des objets féminins d'origine danubienne aient été mis au jour dans des tombes masculines, notamment la fibule du type danubien dit Smolin à Plinkaigalis ou les plaques-boucles à plaque losangée du type de Gáva-Acquasanta à Taurapilas Kazakevičius 1993: 181 pav.; Tautavičius 1981: 15 pav.). Cela veut dire que la population balte indigène ne connaissait pas l'utilisation exacte de ces objets, et que les nouveaux venus danubiens n'étaient donc pas très nombreux. Il faut souligner que la période de la pénétration des groupes étrangers dans la zone forestière de l’Europe orientale coïncide avec la période d’un commerce intensif de fourrure. Jusqu'à l’époque des Grandes Migrations, le port de la fourrure a été réservé aux Barbares, notamment aux Goths. Les Grecs, les Romains et d’autres peuples civilisés de la Méditerranée et du Proche et Moyen-Orient ne la portaient pas (Howard-Johnston 1998; Kolendo 1999; Kazanski 2010). Or, Jordanès pour la première moitié-milieu du VIe s. mentionne à deux reprises le 100 Les antiquités germaniques - (2014): Ахмедов, И.Р. (2014): «Некоторые индикаторы культурных взаимодействий в древностях рязано-окских финнов второй половины V - начала VI в.», in: Обломский А.М. (ред.): Проблемы взаимодействия населения восточной Европы в эпоху Великого переселения народов, Москва, 138-177. commerce de fourrure vers le Sud (Jordanes, Getica, 21, 37). D’autre part, Attila, selon le témoignage de Priscus (Fig. 8) offre aux ambassadeurs byzantins de la fourrure. A partir de cette époque la fourrure fait partie de la mode vestimentaire, aussi bien dans le bassin méditerranéen qu’en Orient. On peut supposer que l’ouverture des nouveaux marchés de fourrure avait pour la conséquence l’intensification de chasse à fourrure dans la zone forestière de la Russie et, inévitablement, a attiré des bandes d’aventuriers étrangers dans cette région. L’histoire, d’ailleurs, se répétera lors de la migration scandinave (« Varègue ») à l’Est aux VIIIe-Xe s., ainsi que pendant la colonisation russe du Nord européen aux XIIe-XVe s., de l’Oural, aux XIVe-XVIe s. et de la Sibérie aux XVIe-XVIIe s. - Ahmedov-Kazanski (2004): Ахмедов, И.Р- Казанский, М.М (2004): “После Аттилы. Kиевский клад и его культурноисторический контекстt», in: Горюнова, В.М., Щеглова, О.А. (ред.): Kультурные трансформации и взаимовлияния в Днепровском регионе на исходе рримского времени и в раннем средневековье, Saint-Pétersbourg, 168-202. Ajbabin (1999): Айбабин, А.И. (1999): Этническая история ранневизантийского Крыма, Симферополь, 1999. Ambroz (1968): Амброз, А. К. (1968): «Дунайские элементы в раннесредневековой культуре Крыма (VI-VII вв.)», Краткие сообщения Института археологии 113, 10 - 32. - (1970): Амброз, А.К. (1970): «Южные художественные связи населения верхнего Поднепровья в VI в.», in: Кухаренко Ю.В. (отв. ред.): Древние славяне и их соседи (Материалы и Исследования по Археологии СССР 176), Москва, 70-74. *** pr Ainsi, le matériel archéologique témoigne de deux types des contacts des Germains d'Europe centrale avec l'Est européen. Le premier cas correspond à l'arrivé et l'installation des groupes plus ou moins importants des migrants. On les reconnaît par la présence des éléments "ethnographiques" qui ne sont pas directement liés à une activité économique ou qui ne sont pas le signe de prestige - la céramique façonnée à la main, costume féminin traditionnel de "la classe moyenne", pratiques funéraires etc. Dans le matériel archéologique ces indices se manifestent d'une façon visible, leur diffusion est compacte du point de vue territorial et chronologique. Certains de ces éléments, notamment le costume, les armes ou les pratiques funéraires peuvent devenir prestigieux et servir l'objet d'imitation de la part des populations et perdre ainsi leur signification culturelle. oo Andrzejowski, J. (2010): “The Przeworsk Culture. A brief story (for the foreigners)”, in: U. Lund-Hansen- A. BitnerWróblewska (eds.): Worlds part? Contacts across the Baltic Sea in the Iron Age, København -Warszawa, 259-110. fc Andrzejowski, J. - Madyda-Legutko, R. (2013): “Bronze Belt Buckles with Doublet Tongue between Scandinavia and the Black Sea. In Search of Local and Inter-Regional Connections during the Roman Period”, in: Khrapunov I., Stylegard F.-A. (dir.): Inter Ambo Maria: Northern Barbarians from Scandinavia towards the Black Sea. Krisitandsand-Simferopol, 6-25. Anke, B. (1998): Studien zur Reiternomadischen Kultur des 4. bis 5. Jahrhunderts, Weißbach. op Le deuxième cas, qui se manifeste le plus souvent par la diffusion d'objets isolés, montre, à notre avis, plutôt les influences venant du monde germanique, dont la diffusion en Europe orientale s'explique par les contacts économiques, culturels, politiques, militaires etc., ce qui n'exclut pas la présence physique de leurs porteurs, de petites groupes ou même des personnes isolées. Baran (1981): Баран, В.Д. (1981): Черняхiвська культура. Зa матерiалами Верхнього Дншстра ш Захшдного Бугу, Кишв. y Bezuglov, S.I. (2001): «Danubian fashion» and Tanaïs (The early phase of the Migration Period)”, in: E. Istvánovits – V. Kulcsár (eds.): International Connections of the Barbarians of the Carpathian Basin in the 1st-5th Centuries A.D., AszódNyíregyháza, 275-284. - (2003): “Alanen-Tanaiten und Germanen der Maiotis-Fragen der Kontakte in spätrömischer Zeit (3.-4. Jahrhundert)“, in: von Carnap-Bornhiem, C. (Hrsg.): Kontakt-Kooperation-Konflikt. Germanen und Sarmaten zwischen dem 1. und dem 4. Jahrhundert nach Christus, Neumünster, 89-101. Bibliographie. Ahmedov (2007): Ахмедов, И.Р. (2007): «Инвентарь мужских погребений. Культура рязано-окских могильников», in: Гавритухин И.О., Обломский А.М. (ред.): Восточная Европа в середине I тысячелетия н.э., Москва, 137-185. - (2010a): Ахмедов, И.Р. (2010a): «К выделению индикаторов социальной стратификации в культуре рязаноокских финнов в эпоху Великого переселения народов (по материалам могильника у села Никитино)», in: Воронцов, А.М., Гавритухин О.И. (ред.): Лесная и лесостепная зоны Восточной Европы в эпохи римских влияний и Великого переселения народов. Конференция 2. Часть 1, Тула, 101130. - (2010): Ахмедов, И.Р. (2010): «Короткие однолезвийные мечи из Никитинского могильника», Germania-Sarmatia II, 319-341. Bierbrauer, V. (1975): Die ostgotischen Grab- und Schatzfunde in Italien, Spoleto. -(1991): „Das Frauengrab von Castelbolognese in der Romagna (Italien) - Zur chronologischen, ethnischen und historischen Auswertbarkeit des ostgermanischen Fundstoffs des 5. Jahrhunderts in Südosteuropa und Italien“, Jahrbuch des Römisch-Germanischen Zentralmuseums Mainz 38, 541-592. - (1994): „Archäologie und Geschichte der Goten vom 1.-7. Jahrhundert“, Frühmittelalterliche Studien 28, 51-171. 101 Michel Kazanski – Anna Mastykova - (1999): „Die ethnische Interpretation der Sîntana de MureşČernjachov-Kultur“, in: Gomolka-Fuchs G. (Hrsg.): Die Sîntana de Mureş-Černjachov-Kultur, Bonn, 211-238. - (2008): Ethnos und Mobilität im 5. Jahrhundert aus archäologischer Sicht: Vom Kaukasus bis nach Niederösterreich, München. Great Migration Periods”, in: Khrapunov, I. – Stylegar, F.-A. (eds.): Inter Ambo Maria: Contacts between Scandinavia and the Crimea in the Roman Period, Simferopol, 39-69. Gavritukhin, I. - Kazanski, M. (2010): “Bosporus, the Tetraxite Goths and the Northern Caucasus Region during the Second Half of the Fifth and the Sixth Centuries”, in: Curta, F. (ed.): Neglected Barbarians, Turnhout, 83-136. Bliujienė, A. (2007): “Watershed between eastern and western Lithuania during the early and late Migration Period”, Archaeologia Lituana 7, 123– 143. - (2013): “Armed People of East and Southeast Lithuania in the Geocultural Contexte of the Migration Period”, Archaeologia Baltica 19, 145-165. Godlowski, K. (1970): The Chronology of the Late Roman and Early Migration Periods in Central Europe, Kraków. Hachmann, R. (1970): Die Goten und Skandinavien, Berlin. - (1971): Les Germains, Genève-Paris-Munich. Bliujienė, A. - Curta, F. (2011): “Exotic Lands, Quixotic Friends: Eastern Lithuania and the Carpathian Basin in Late Antiquity and the Early Middle Ages (ad c 380 to c 620)”, Medieval Archaeology 55, 28-65. Howard-Johnston, J. (1998): “Trading in Fur, from Classical Antiquity to the Early Middle Ages”, in: Cameron, E. (ed.): Leather and Fur. Aspects of Early Medieval Trade and Technology, London, 65-79. Bliujienė, A. – Steponaitis, V. (2009): “Wealthy horsemen in the remote and tenebrous forests of east Lithuania during the Migration Period”, Archaeologia Baltica 11, 185–205. pr Kazakevičius, V. (1993): Plinkaigalio kapinynas (Lietuvos Archeologija 10, n° special). Kazanski, M. (1991): Les Goths (Ier -VIIe siècles ap. J-C.), Paris. - (1991a): “Contribution à l'histoire de la défense de la frontière pontique au Bas-Empire”, Travaux et Mémoires 11, 487-526. - (1992): “Les arctoi gentes et ‘l'empire’ d'Hermanaric”, Germania 70/1, 75-122. - (1992a): “L'influence danubienne dans la steppe pontique pendant la seconde moitié du Ve siècle: le rôle des Angiskires”, in: Medieval Europe 1992. 4, Death and Burial, York, 139-144. - (1993): “Les relations entre les Slaves et les Goths du IIIe au Ve siècle: l'apport de l'archéologie”, Revue des études slaves 65/1, 7-20. - (1994): “Les éperons, les umbo, les manipules de boucliers et les haches de l'époque romaine tardive dans la région pontique: origine et diffusion”, in: von Bornheim-Carnap, C. (Hrsg.): Beiträge zur römischer und barbarischer Bewaffnung in der ersten vier nachchristlichen Jahrhunderten, Lubin-Marburg, 429-485. - (1996): “Les Germains orientaux au Nord de la mer Noire pendant la seconde moitié du Ve s. et au VIe s”, Материалы по Археологии, Истории и Этнографии Таврии 5, 324-337, 567-581. - (1997): «Оружие киевской культуры», in : Белецкий С.В. (сост.): Памятники старины, концепции, отктрытия версии. Памяти Василия Дмитриевича Белецкого 19191997. Том 1. Санкт-Петербург - Псков, 262-269. - (1998): «Les Barbares à Chersonèse (Ve-VIe s.)», in: Cheynet, J.-Cl. et alii (dir.): Εὐψυχία. Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler (Byzantina Sorbonensia 16). Paris, 329-344. - (1999): Les Slaves. Les origines (Ier - VIIe siècle après J.-C.), Paris. - (1999a): “Готы на Боспоре Киммерийском», in: Левада, М.Е. (сост.): Сто лет черняховской культуре, Киев, 277297. - (1999b): «О балтах в лесной зоне России в эпоху Великого переселения народов», Археологические вести 6, 404-419. - (1999c): “L’armement slave du haut Moyen-Age (Ve-VIIe siècles). A propos des chefs militaires et des guerriers professionnels chez les anciens Slaves”, Přehled výzkumů 39, 197-236. - (2000): “La zone forestière de la Russie et l’Europe centrale à la fin de l’époque des Grandes Migrations”, in: Mączyńska, M. – Grabarczyk, T. (Hrsg.): Die spätrömische Kaiserzeit und die Bóna, I. (2002): Les Huns. Le grand empire barbare d'Europe IVe-Ve siècles, Paris. oo Dmitriev (1982): Дмитриев, А.В. (1982): «Раннесредневековые фибулы из могильника на р. Дюрсо», in: Амброз, А.К. - Эрдели, И. (ред.): Древности эпохи великого переселения народов V-VII веков, Москва, 69-106. Ellegård A. (1987): “Who were the Eruli?”, Scandia 53/1, 5-34. y Furas'ev (1996): Фурасьев, А.Г. (1996): «О времени и обстоятельствах гибели городища Демидовка в верховьях Днепра», in: Мачинский, Д.А. (отв.ред.): Ладога и Северная Европа. Чтения памяти Анны Мачинской, СанктПетербург, 4-6. - (2009): Фурасьев, А.Г. (2009): «Этнокультурные особенности населения Южного Kрыма в VI - начале VII в.н.э. (по материалам женского костюма)», in: Фурасьев, А.Г. (ред.): Гунны, готы и сарматы между Волгой и Дунаем. Санкт-Перебург, 190-235. - (2012): «Byzance et la Crimée du Sud-Ouest au VIe siècle: relations culturelles et particularités du costume féminin”, in: Ivanišević, V. – Kazanski, M. (eds.): The Pontic -Danubien Realm in the Period of the Great Migration, Paris-Belgrade, 363-380. op fc Fabech, Ch. – Näsman, U. (2012): “A Lonely Rider? The Finding Place of the Sösdala Find and the Context of its Finds”, in: Khrapunov, I. – Stylegar, F.-A. (eds.): Inter Ambo Maria. Northern Barbarians from Scandinavia towards the Black Sea, Simferopol, 75-84. Gavrituhin (1997): Гавритухин, И.О. (1997): «Боспор и Поднепровье в 6-7 вв. (к изучению северопонтийских ювелирных школ)», In: Международная конференция "Византия и Крым" (Севастополь, 6-11 июня 1997 г.). Симферополь, 27-32. - (2011): Гавритухин, И.О. (2011): «Фибулы типа УдинеПланис», In: Шаров О.В. (ред.): Петербургский Апокриф. Послание от Марка. Санкт-Петербург - Кишенев, 463-490. Gavritukhin, I. (2011): “Cut Glass Beakers within the context of Studies in the Connections between the South of Eastern Europe and Scandinavia in the Late Period of Roman Influence and the 102 Les antiquités germaniques frühe Völkerwanderungszeit in Mittel- und Osteuropa, Lódź, 406-459. - (2000a): “Les armes baltes et occidentales dans la zone forestière de l’Europe orientale à l’époque des Grandes Migrations”, Archaeologia Baltica 4, 199-212. - (2001): “Les épées « orientales » à garde cloisonnée du VeVIe siècle”, in: Istvánovits, E. – Kulcsár, V. (eds.): International Connections of the Barbarians in the 1st-5 st centuries A.D. Aszod-Nyiregyhaza, 389-418. - (2002): “Les antiquités germaniques de l’époque romaine tardive en Crimée et dans la région de la mer d’Azov”, Ancien West & Est I/2, 393-441. - (2002a): „Die Chronologie der Anfangsphase des Gräberfeldes Von Djurso“, in: Tejral, J. (Hrsg.): Probleme der frühen Merowingerzeit im Mitteldonauraum, Brno, 137-158. - (2009): Archéologie des peuples barbares (Florilegium magistrorum historiae archaeologiaeque Antiquitatis et Medii Aevi V), Bucarest-Brăila. - (2010): «Скандинавская меховая торговля и 'Восточный путь’ в эпоху переселения народов», Stratum Plus n° 4, 17130. - (2011): «Древности постгуннского времени на юге Восточной Европы и ангискиры», Scripta Antiqua 1, 27-49. - (2013): “Les Gépides et la Crimée”, Starinar 63, 115-130. - (2013а): “Water Routes from the Baltic to Black Sea and Northern Barbarians in the Migration Period”, in: Khrapunov, I., Stylegard, F.-A. (dir.): Inter Ambo Maria: Northern Barbarians from Scandinavia towars the Black Sea, Krisitandsand-Simferopol, 154-176. - (2013b): “Les fibules germaniques danubiennes dans le contexte slave (VIe siècle)”, Arheologia Moldovei 36, 105-118. Kolendo, J. (1999): “L’importation de fourrures du Barbaricum sur le territoire de l’Empire romain“, Münsterische Beiträge zur Antiken Handelsgeschichte 18/2, 1-23. Kontny, B. (2013): “New Traces of Solve the Riddle: Weapons from Chatyr-Dag”, in: Khrapunov, I. – Stylegard, F.-A. (dir.): Inter Ambo Maria: Northern Barbarians from Scandinavia towars the Black Sea, Krisitandsand-Simferopol, 196-212. Korkkanen, I. (1975): The peuples of Hermanaric Joedanes, Getica 116, Helsinki. pr Kozak (1986): Козак, Д. Н. (1986): «Вельбарская культура», in: Археологія Украинской ССР., Т. 3., Киев, 127–135. - (2006): «Етноплемінна належність вельбарської культури в Україні», Вісник інституту археології 1, 8–15. Kuharenko (1980): Кухаренко, Ю.В. (1980): Могильник Брест-Тришин, Москва. - (1982): «О Качинской находке V в.», in: А.К. Амброз - Ф. Эрдели (отв. ред.): Древности эпохи великого переселения народов V - VIII веков, Москва, 234-244. oo Levada, M. (2000): “Metal Combs of the Second Quarter of the First Millenium AD in Eastern Europe”, in: Mączyńska, M. – Grabarczyk, T. (Hrsg.): Die spätrömische Kaiserzeit und die Völkerwanderungszeit in Mittel- und Osteuropa, Lódź, 460-478. - (2006): "Другие германцы" в Северном Причерноморье позднего римского времени», Боспорские исследования 11, 194-251. - (2010): “Сухоносивка”, In: Ubaniak, A. -Prochowicz, R. (ed.): Terra barbarica. Studia ofiarowane Magdalenie Mązyńskiej, Lódź- Warsawa, 557-594. - (2011): “To Europe via the Crimea: on possible migration routes of the northern people in the Great Migration period”, in: Khrapunov, I. - Stylegard, F.-A. (ed.): Inter Ambo Maria : Contacts between Scandinavia and the Crimea in the Roman Period. Kristiansand-Simferopol, 115-137. fc Kazanski, M. – Mastykova, A. (1999): «Le Caucase du Nord et la région méditerranéenne aux 5e-6e siècles. A propos de la formation de la civilisation aristocratique barbare”, Eurasia Antiqua 5, 523-573. - (2003): Les peuples du Caucase du Nord. Le début de l’histoire (Ier-VIIe siècle apr. J.-C.), Paris. - (2003a): “Les éléments germaniques dans la civilisation de la population du Caucase du Nord à l’époque des grandes migrations”, in: von Carnap-Bornheim, C. (Hrsg.): KontaktKooperation-Konflikt. Germanen und Sarmaten zwischen dem 1. und 4. Jahrhundert nach Christus, Neumünster, 135-176. - (2007): «Золотая гривна из Фанагории: о германцах на Боспоре Киммерийском в позднеримское время», Боспорские чтения 8, 169-177. op Luhtan (1996): Лухтан, А. (1996): «Война в Литве в V веке», in: Беларусь у системе трансеурапейских сувязау у I тысячагодзи н.э, Минск, 53-54. Lund Hansen, U. (2011): “Contacts during the Third to Fifth Century AD between South Scandinavia and the Black Sea illustrated by Late Roman Glass and Jewellery”, in: Khrapunov, I. – Stylegar, F.-A. (eds.): Inter Ambo Maria: Contacts between Scandinavia and the Crimea in the Roman Period, Simferopol, 138-153. y Khrapunov, I. (2013): “Germanic Artefacts in the Cemetery of Neyzats”, in: Khrapunov, I., Stylegard, F.-A. (dir.): Inter Ambo Maria: Northern Barbarians from Scandinavia towards the Black Sea, Krisitandsand-Simferopol, 177-195. Lönnroth E. (1972): „Die Goten in der modernen kritischen Geselchtsauffassung“, in: Hagberg, U.E. (Hrsg.): Studia Gotica, Stockholm, 20-56. Kmieciński, J. (1962): Zagadnienie tzw. kultury gockogepiedzkiej na Pomorzy Wschodnim w okresie wczesnorzymskim,Lódź, Stockholm, 72-80. - (1972): „Die Bedeutung der Germanen östlich der Oder während der ersten Jahrhunderte nach Christi Geburt im Licht der neueren Forschungen“, in: Hagberg, U. E. (Hrsg.), Studia Gotica, Stockholm, 72-80. Lund Hansen, U. - Przybyła, M. (2010): „Rosettenfibeln -ein Klassificationversuch“, In: Lund-Hansen, U. - BitnerWróblewska, A. (eds.): Worlds part? Contacts across the Baltic Sea in the Iron Age, København-Warszawa, 241-286. Magomedov (2001): Магомедов, Б.В. (2001): Черняховская культура. Проблема этноса. Lublin. - (2001a): Черняховская культура и Боспор. Боспорские чтения I, 246-249. - (2011): “The Chernyakhov People's Contacts with Scandinavia and the Crimea”, in: Khrapunov, I. - Stylegar, F.-A. (eds.): Inter Ambo Maria: Contacts between Scandinavia and the Crimea in the Roman Period. Simferopol, 176-186. Kokowski, A. (2010): „Die Wielbark-Kultur -Goten in Mittelund Osteuropa“, in: Lund-Hansen, U. -Bitner-Wróblewska, A. (eds.): Worlds part? Contacts across the Baltic Sea in the Iron Age. København -Warszawa, 111-140. 103 Michel Kazanski – Anna Mastykova - (2011): “Склеп Каллисфена в Керчи”, in: Боспорские исследования XXV, 145-153. - (2013): «В поисках страны "Ойум": эпос или реальноcть?», Древности Западного Кавказа 1, 118-155. - (2013): “Correlation between North-Western and Local Elements in the Chernyakhov Culture”, in: Khrapunov, I., Stylegard, F.-A. (dir.): Inter Ambo Maria: Northern Barbarians from Scandinavia towards the Black Sea, KrisitandsandSimferopol, 267-271. Ščukin, M.B. (1993): «A propos des contacts militaires entre les Sarmates et les Germains à l’époque romaine (d’après l’armement et spécialement les umbo de boucliers et les lances)”, in : Vallet, F., Kazanski, M. (dir.): L’armée romaine et les Barbares du IIIe au VIIe siècle. Saint-German-en-Laye, 323-333. - (2005): Готский путь. Готы, Рим и черняховская культура, Санкт-Петербург. Mastykova, A. (2001): “Amber beads with incised linear decoration in the Great Migration Period”, in: Istvánovits, E., Kulcsár, V. (eds.): International Connections of the Barbarians in the 1st-5 st centuries A.D., Aszod-Nyiregyhaza, 341-361. - (2002): „Soziale Hierarchie der Frauengräber der nordkaukasischen Dürsonekropole im fünften bis sechsten Jahrhundert (anhand der Trachtmaterialien)“, in: Tejral, J. (Hrsg.): Probleme der frühen Merowingerzeit im Mitteldonauraum, Brno, 225-236. - (2008): «О костюме с пальчатыми фибулами в Восточной Европе», in: Наумов, А.Н. (ред.): Лесная и лесостепная зоны Восточной Европы в эпохи римских влияний и Великого переселения народов, Тула, 367-382. - (2009): Женский костюм Централного и Западного Прендкавказья в конце IV- середине VI в.н.э., Москва. Shchukin et alii (2006): Shchukin, M. – Kazanski, M. – Sharov, M. (2006): Des Goths aux Huns: Le Nord de la mer Noire au Bas –Empire et a l’époque des Grandes Migrations, Oxford. pr Stylegar, F.-A. (2011): “Weapon graves in Roman and Migration period Noray (AD 1- 550)”, in: Khrapunov, I., Stylegar, F.-A. (eds.): Inter Ambo Maria: Contacts between Scandinavia and the Crimea in the Roman Period, Simferopol, 217-235. Menghin, W. (Hrsg) (2007): Merowingerzeit. Europa ohne Grenzen. Archäologie und Geschichte des 5. bis 8. Jahrhunderts, Berlin. Svennung, J. (1974): Skandinavien bei Plinius und Ptolemaios, Uppsala. oo Moškova-Malašev (1999): Мошкова, М.Г. – Малашев, В.Ю. (1999): “Хронология и типология сарматских погребальных сооружений”, in: Скрипкин, А.с. (ред.): Археология ВолгоУральского региона в эпоху раннего железного века и средневековья, Волгоград, 172-212. Tautavičius, B. (1981): “Taurapilio «kunigaikscio» kapas”, Lietuvos Archeologiia 2, 18-43. Tejral, J. (1973): Mähren im 5. Jahrhundert, Praha, 175-238. - (1986): „Fremde Einflüsse und kulturelle Veränderungen nördlich der mittleren Donau zu Beginn der Völkerwanderungszeit“, in: Kmieciński, J. (Hrsg.): Peregriantio Gothica, Lódź , 175-238. - (1987): „Zur Chronologie und Deutung der südöstlichen Kulturelemente in der frühen Völkerwanderungszeit Mitteleuropas“, Anzeiger des Germanischen Nationalmuseums , 11-46. - (1997): „Neue Aspekte der frühvolkerwanderungszeitlichen Chronologie im Mitteldonauraum“, in: Tejral, J.- Friesingen, H. – Kazanski, M. (Hrsg.): Neue Beiträge zur Erforschung der Spätantike im mittleren Donauraum, Brno, 321-392. - (2011): Einheimische und Fremde. Das norddanubische Gebiet zur Zeit der Völkerwanderung, Brno. - (2011): Einheimische und Fremde. Das norddanubische Gebiet zur Zeit der Völkerwanderung, Brno. Périn, P. (1993): “L’armée de Vidimer et la question des dépôts funéraires chez les Wisigoths en Gaule et en Espagne (Ve-VIe siècles)”, in: Vallet, F. - Kazanski, M. (dir.): L’armée romaine et les Barbares du IIIe au VIIe siècle. Saint-German-en-Laye, 411-423. Quast, D. (2011): “The Links between the Crimea and Scandinavia: some jewellery from the third century AD princely graves in an international context”, in: Khrapunov, I. – Stylegar, F.-A. (eds.): Inter Ambo Maria: Contacts between Scandinavia and the Crimea in the Roman Period, Simferopol, 198-208. Vasil’ev (1921): Васильев А.А. (1921): «Готы в Крыму I. Ранняя пора христианства и эпоха переселения народов. Известия Российской Академии Истории» Материальной культуры 1, 288-367. - (2005) «Германские воинские пряжки и наконечники ремней на Боспоре», Боспорские исследования IX, 279-288. - (2005a): «О некоторых особенностях хронологии предметов вооружения германцев в Северном Причерноморье (этапы В2 и С1)», Боспорские чтения VI, 37-43. y Raduš (2010): Радюш, О.А. (2010): «Украшения и снаряжение круга восточноевропейских выемчатых эмалей в бассейне верхнего течения Псла Сейма», in: Воронцов, А.М., Гавритухин, О.И. (ред.); Лесная и лесостепная зоны Восточной Европы в эпохи римских влияний и Великого переселения народов. Конференция 2. Часть 2, Тула, 5-18. - (2013): «Элементы всаднической и дружинной культуры II-III вв. в Поднепровье», Stratum plus 4, 51-74. op fc Myc et alii (2006): Мыц, В.Л. – Лысенко, А.В. – Щукин, М.Б. – Шаров, О.В. (2006): Чатыр-Даг - некрополь римской эпохи в Крыму, Санкт-Петербург. Radyush (2013): “The second und Third Century Knob Spurs (Knopfsporen) in the Mioddle and Upper Dnieper Area”, in: Khrapunov, I., Stylegard, F.-A. (dir.): Inter Ambo Maria: Northern Barbarians from Scandinavia towards the Black Sea, Krisitandsand-Simferopol, 317-334. Werner, J. (1970): „Zur Verbereitung frühgeschichtlicher Metallarbeiten (Werkstatt –Wanderhandwerk-Handel Familienverbindung)“, Early Medieval Studies 1, 65-81. - (1988): „Dančeny I Brangstrup“, Bonner Jahrbücher 188, 241-286. Šarov 2010: Шаров О.В. (2010): «Данные письменных археологических источников о появлении германцев на Боспоре (проблема выделения "германских древностей" на Боспоре)», Stratum plus 4, 251-285. 104 Les antiquités germaniques Wołągiewicz, R. (1986): „Die Goten im Bereich der WielbarkKultur“, in: Kmieciński, J. (Hrsg.): Peregrinatio Gothica (Archaeologica Baltica 7). Lódź, 63-98. - (1994): Культура кочевников южнорусских степей в гуннскую эпоху (конец IV-V вв.), Санкт-Петербург. Zieling, N. (1989): Studien zu germanischen Schilden der Spätlatène und der römischen Kaiserzeit im freien Germanien, Oxford. Wolfram, H. (1990): Histoire des Goths, Paris. Zaseckaja (1993): Засецкая, И.П. (1993): «Материалы Боспорского некрополя второй половины IV- первой половины V вв», Материалы по Археологии, Истории и Этнографии Таврии 3, 23-105. Zin'kovskaja (2010): Зиньковская, И.В. (2010): «Варварские выемчатые эмали на памятниках югв Восточной Европы», Верхнедонской Археологический Сборник 5, 105-11. y op fc oo pr 105 Michel Kazanski – Anna Mastykova FIGURES fc oo pr Fig. 1 : L'expansion de la civilisation de Wielbark vers la mer Noire et vers le Danube inférieur (période B2/C1-C1a, de 160/180 à 210/230 environ): a: la civilisation de Przeworsk; b: les civilisations baltes; c: la civilisation de Wielbark; d: la civilisation de Luboszyce; e: le groupe de Masłomęcz (groupe oriental de la civilisation de Wielbark); f: expansion de la civilisation de Przeworsk; g: expansion de la civilisation de Wielbark; h: tombes à armes de la civilisation de Przeworsk à l'est. (D'après : Kokowski 2010). y op Fig. 2 : Les découvertes du type Wielbark à Mokra, sur le Dniestr moyen (D’après : Ščukin 2005) 106 Les antiquités germaniques oo pr Fig. 3 : Le territoire de la civilisation de Černjahov (D'après : Bierbrauer 1999) y op fc Fig. 4 : Les exemples des incinérations de la civilisation de Černjahov contenant des armes. 1: Mogoşani, tombe 15; 2: Tîrgşor, tombe 147; 3: Oselivka, tombe 70 (D’après : Shchukin et alii 2006). 107 Michel Kazanski – Anna Mastykova y op fc oo pr Fig. 5 : La diffusion des gobelets du type Kowalk (1), des fibules- «monstres» (2) et des inscriptions runiques (3). 1 et 2: d’après Werner 1988; 3 (D’après : Kuharenko 1980). 108 Les antiquités germaniques pr y op fc oo Fig. 6 : Les antiquités germaniques de l'époque romaine tardive au Nord de la mer Noire. A: villes principales; B: sites du type Inkerman; C: sites du type Aj-Todor; D: sites de la civilisation de Černjahov; E: royaume du Bosphore Cimmérien. 1: Tanaïs; 2: Chersonèse; 3: Panticapaion/Bosporos ; 4: Phanagoria; 5: Hermonassa. Fig. 7 : Les objets d'origine germanique orientale découverts à Tanaïs (D'après : Shchukin et alii 2006) 109 Michel Kazanski – Anna Mastykova y op fc oo pr Fig. 8 : Les tombes «princières» de Sinjavka. 1-11: tombe 1; 12-22 tombe 2 (D'après : Kazanski 2009) 110 Les antiquités germaniques y op fc oo pr Fig. 9 : Les antiquités germaniques de l'époque romaine tardive et des Grandes Migrations dans le Bosphore Cimmérien. 1-9: Panticapaion/Bosporos (Kertch); 10: Phanagoria (D'après: Shchukin et alii 2006). 111 Michel Kazanski – Anna Mastykova y op fc oo pr Fig. 10 : Les objets de tradition germanique orientale dans le Sud-Ouest de la Crimée. 1, 4, 8, 9, 10, 12, 13: Chersonèse; 2,14: Černaja Rečka; 3, 7: Sovhoz-10; 5, 6, 15: Inkerman. 1-8, 14, 15 (D'après : Shchukin et alii 2006); 9, 10 (D'après : Ajbabin 1990); 1113 (D'après : Kazanski 2009). 112 Les antiquités germaniques oo pr Fig. 11 : Les routes de communications et les directions de l’expansion d’Hermanaric dans la zone forestière d’Europe orientale. 1: la frontière sud de la zone forestière; 2: les routes de communications; 3: les directions de l’expansion d’Hermanaric; 4: la civilisation de Černjahov (D’après : Kazanski 1992). y op fc Fig. 12 : Les objets de tradition germanique orientale découvertes sur les sites de la civilisation slave de Kiev. 1, 7: Glevaha; 2: Lavrikov Les; 3, 5: Tajmanova; 4: Abidnja; 6: Roišče. (D'après : Shchukin et alii 2006). Fig. 13 : Quelques éperons de tradition germanique en Europe orientale. 1:Belopol'e; 2: Skalistoe III; 3: district d'Ostrovec; 4: Rudoviči; 5:district de Kanev; 6: Gočevo; 7: Ražki; 8: probablement la province de Kiev; 9: bassin du Psel; 10: province de Brjansk; 11: Verdihovo (D'après : Raduš 2013). 113 Michel Kazanski – Anna Mastykova oo pr y op fc Fig. 14 : La diffusion des objets danubiens du deuxième tiers du Ve s. en Ukraine et en Russie centrale : 1-3 : Sumy-Sad, tombe 4 ; 4 : Zamjatino-5 ; 5 : Pastyrskoe ; 6 : disctrict de Kanev ; 7. District de Teherkassy ou de Tchigirin ; 8 : Grigorovka ; 9 : Tokari ; 10 : Hodosvka ; 11 , 12 : Kucugury ; 13 : Kolodeznyj Bugor ; 14 : Mihajlovka ; 15 : Hodosovka ; 16 : Hmelna ; 17 : Pekari ; 18 : Kardasinka ; 19 : Cuulakovka. Fig. 15 : Les objets provenant de la tombe de Volobuevka (D'après : Kazanski 2011) 114 Les antiquités germaniques pr Fig. 16 : La carte de la diffusion des éléments germaniques de l'époque post-hunnique au Nord de la mer Noire. A: villes principales; B: nécropoles du Sud-Ouest de la Crimée (Goths du pays de Dori); C: nécropoles des Goths-Tétraxites; D: nécropoles du Bosphore Cimmérien avec des objets germaniques. 1:Chersonèse; 2: Bosporos (Kertch); 3: Phanagoria; 4: Hermonassa (Taman); 5: Djurso. y op fc oo Fig.17 : Le costume germanique oriental des nécropoles du Sud - Ouest de la Crimée. 1: Suuk-Su, tombe 91; 2: Suuk-Su, tombe 56, inhumation 5 (D'après : Fourassiev 2012). 115 Michel Kazanski – Anna Mastykova fc oo pr Fig. 18 : Les fibules et les plaques-boucles de tradition germanique orientale de l'époque post-hunnique au Nord de la mer Noire. 14, 6, 9, 10, 11: Kertch; 5: Chersonèse; 7: Skalistoe; 8: Suuk-Su; 12: Taman (D'après : Kazanski 2009). y op Fig. 19 L'épée provenant de Taman (D'après : Menghin 2007) Fig. 20 Les tombes contenant le costume de tradition germanique orientale dans la nécropole de Djurso. 1:tombe 408; 2:tombe 410; 3:tombe 420; 4: tombe 483 ; 5: tombe 517; de Djurso. 1:tombe 408; 2:tombe 410; 3:tombe 420; 4: tombe 483 ; 5 : tombe 517;6: tombe 516 (D'après : Dmitriev 1982). 116 Les antiquités germaniques pr y op fc oo Fig. 21 : La diffusion des fibules germaniques orientales du VIe s. dans la zone slave. A: fibules à décor végétal; B: fibules à décor géométrique. 1: Martynovka; 2: district de Kanev; 3: Knjaža Gora; 4 : Čapaevka; 5 : Gradižsk-Kruča ; 6 : Velyki Budki; 7 : Berezovka; 8 : Derinkovec ; 9: Iaşi-Crucea lui Ferenţ; 10: Vinderei; 11 : Kraków-Nowa Huta. Fig. 22 : Les fibules digitées à décor végétal de tradition germanique orientale découvertes dans la zone slave et leurs prototypes (79).1: district de Kanev; 2; 10: Iaşi-Crucea lui Ferenţ; 3: Gradižsk-Kruča ; 4: Čapaevka; 5: Velyki Budki; 6: Knjaža Gora; 7: Bratei; 8: Şeica Micǎ/Kisseliyk; 9 : Tasov; 11,12: Martynovka; 13: Berezovka. 117 Michel Kazanski – Anna Mastykova y op fc oo pr Fig. 23 : Les objets de tradition danubienne dans la zone forestière d'Europe de l'Est et leurs parallèles (4, 8, 9-11). 1: Hotyšča; 2, 3: lieu de découverte est inconnu; 4: Blučina; 5, 6: Borki; 7: province de Smolensk; 8: Čapaevka; 9, 10: Glotasitz; 11: Landirano; 12, 13: Demidovka (D'après : Kazanski 2013a). 118 Les antiquités germaniques y op fc oo pr Fig. 24 : Le trésor découvert dans la province de Kiev (D'après: Ahmedov-Kazanski 2004) 119